Milli mála - 2015, Blaðsíða 135
IMPARFAIT AND STEREOTYPES
Milli mála 7/2015
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9. Réflexions sur lʼimparfait narratif
Lʼimparfait narratif est un usage particulier où le passé simple, et
dans certains cas aussi le passé composé, pourraient dans le même
contexte se substituer à lʼimparfait :
12a) « Monsieur Chabot retirait son pardessus quʼil accrochait à la
porte. »32
12b) « Monsieur Chabot retira son pardessus quʼil accrocha à la por-
te. »
La possibilité dʼutiliser lʼun ou lʼautre tiroir verbal dans le même
énoncé indique quʼau moins une partie de leurs fonctions, sémanti-
que et pragmatique, est commune. Donc 10a semble décrire une sé-
quence dʼactions comme 10b, ce qui impliquerait que « retirait » et
« accrochait » soient des actions complétées comme le communi-
quent « retira » et « accrocha ». De là vient cette impression que la va-
leur imperfective de lʼimparfait, dans des exemples de ce type, est
contredite. Dans la plupart des analyses, entre autres celle de Patrick
Caudal et de Jacques Bres, lʼapproche est cependant monosémique
en ce sens que les auteurs rejettent la demande perfective sur le dos
du contexte narratif et conservent pour lʼimparfait la même valeur
aspectuelle imperfective que dans les exemples standards33.
La valeur procédurale, telle que je lʼai définie dans cet article,
permet lʼusage de lʼimparfait avec tous les types de situations quel
que soit lʼaspect lexical de base. Donc le fait que lʼimparfait narratif
sʼaccorde volontiers avec des verbes qui en général décrivent des ac-
tions téliques ou non-duratives ne pose pas de problème particulier
dans le cadre de ma théorie. En ce qui concerne la demande résulta-
tive ou transitionnelle du contexte, je me range du côté des mono-
sémistes en affirmant que rien dans le processus dʼinterprétation en-
32 Georges Simenon, La danseuse du Gai-Moulin, exemple cité originellement dans
Liliane Tasmowski-De Ryck, « Lʼimparfait avec et sans rupture », Langue françai-
se : vol. 67, éd. n.c., lieu dʼéd. n.c., 1985, pp. 59-77, ici p. 75.
33 Les ouvrages en question sont Patrick Caudal et Carl Vetters, « Un point de vue
elliptique sur lʼimparfait narratif », Temps et point de vue, éds. J. Guéron et L.
Tasmowski, Paris : Université Paris X, 2003, pp. 103-132, et Jacques Bres,
Lʼimparfait dit narratif, Paris : CNRS, 2005.