Milli mála - 2015, Page 139
IMPARFAIT AND STEREOTYPES
Milli mála 7/2015
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que se représente le destinataire en traitant une forme dʼimparfait. Je
considère la définition traditionnelle de lʼaspect imperfectif, « Lʼaspect
imperfectif met lʼaccent sur la structure interne de la situation, abs-
traction faite des phases intiales et finales », comme équivalente à cet-
te instruction de lʼimparfait, en ce sens que les RS fournissent des
images mentales de la situation, qui correspondent à la structure in-
terne de cette situation, et non à sa fin ou son début. Un des avanta-
ges que comporte mon hypothèse est dʼexpliquer comment et pour-
quoi lʼimparfait du français sʼadapte à tous les types de situations
quelle que soit lʼaspect lexical du verbe. La raison est que lʼinférence
des RS est toujours possible, pour autant que le destinataire infère
des hypothèses encyclopédiques attachées au concept du verbe.
Dʼautre part je considère que cette instruction donnée par le mor-
phème de lʼimparfait est toujours exécutée en accord avec les prin-
cipes de la théorie de la pertinence. Donc, lʼénergie que le destinatai-
re dépensera en faisant les RS devra être proportionnelle à lʼeffet co-
gnitif que ces implications lui procureront. Tenant compte de cela,
jʼai démontré comment certaines propriétés de lʼimparfait sont des
conséquences directes de lʼapplication du principe de pertinence.
Ainsi, le manque dʼautonomie est une impression ressentie par le
destinataire lorsque les effets cognitifs suscités par les RS sont faibles
mais susceptibles dʼêtre renforcés par lʼinterprétation dʼautres énon-
cés. La fonction dʼarrière-plan est quant à elle attribuée à lʼimparfait
lorsquʼil est mutuellement manifeste aux interlocuteurs que les RS ne
sont pas contextualisables mais sont par contre réinférables après
lʼinteprétation de lʼénoncé à lʼimparfait, d’autant plus que leur infé-
rence est peu coûteuse en énergie cognitive. Plus succinctement, jʼai
discuté de certains usages stylistiques de lʼimparfait en montrant pour
chacun dʼeux comment le locuteur se sert de lʼinstruction de
lʼimparfait pour accomplir sa stratégie de communication. Dans le
cas de lʼimparfait de politesse, la stratégie consiste simplement à faire
inférer au destinataire des RS, plutôt que de le contraindre à faire
une implication quʼil nʼa pas envie de faire. La stratégie de lʼimparfait
de clôture est de faire faire au destinataire un effort cognitif en appa-
rence inutile, puisque la même image mentale aurait pu être commu-
niquée avec un autre temps, mais quʼil va rentabiliser en mulipliant
les RS. Ce sera comme si lui-même écrivait ou récitait un prolonge-