Islande-France - 01.10.1949, Blaðsíða 7
ISLANDE - FRANCE
Annonciation á Marie
A-t-on joué de la cithare? Non, c’était le vent qui doucement
dans le bois chantant vint troubler le repos de ma nuit.
Je ne pus me rendormir. Mon áme était sombre et chaude,
mon áme était sombre et chaude comme une nuit d’orient.
Et j’allais á l’endroit ou la rosée dans l’ombre riait,
ou sur les massifs blanchis un clair de lune poudreux s’attardait
et je m’étendis nue dans l’herbe rafraichissante du jardin.
Comme les perles d’un collier la nuit égrenait les heures.
Et puis de plus en plus se rapprocha le chant de cithare
et bientót ce fut une voix implorante qui mélopait á mon oreille.
Était-ce le sommeil qui de ses réves m’enveloppait?
Et était-ce la brise qui vint caresser mes seins et mes épaules
et la brise qui dans ses bras frémissants m’étreignit
d’un transport de bonheur qui ferma mes paupiéres lassées?
Le printemps est arrivé cette nuit
Toute la nuit le printemps a été en route.
Et le printemps n’est pas un voyageur lambin,
car avant que les gens soient sur pieds ce matin
le premier brin d’herbe avait percé la terre.
Et elles ont grandi aussi les jeunes filles
qui étaient si menues cet hiver qu’aucun ne les voyait,
et les prudes garqons confirmés l’an dernier
rougissent d’embarras en les voyant passer.
Riantes elles vont á longueur de journées.
Voici les rues se remplir d’Asta et de Tóta;
avec leurs chapeaux neufs et leurs yeux bleus d’azur,
en robes blanches, elles courent á leurs rendez-vous.
Et les hommes se font plus doux dans leurs maniéres
car l’univers s’attiédit et l’air rebleuit.
Les ennemis d’hier de se serrer la main
et banques de jouter á qui prétera plus.