Jökull - 01.12.1958, Blaðsíða 16
centrale? On ne peut évidement hasarder que
des conjectures. Mais la carte d’Eythorsson nous
montre lá, pour le socle rocheux, des altitudes
de 600 á 1000 m, soit en moyenne 800; si on
suppose enlevés les 620 m de glace qui aujour-
d’hui le recouvrent, le rajustement isostatique
par de la matiére profonde de densité 3,2 re-
léverait le socle rocheux de 175 m, le portant
á une altitude finale de 975 m. Or la limite des
neiges, établie par H. W:son Ahlmann et S.
Thorarinsson, s’établissait vers 1940 á 1100 m
dans le Sud du Vatnajökull, á 1200 m dans le
Nord, á 1400 m dans l’extréme-Nord. La
majeure partie de la région centrale, supposée
déglaciée, serait en-dessous, et des glaciers ne
pourraient pas s’y former directement (ce qui
confirme bien l’opinion de Joset et d’Eythors-
son en 1952). Pour que des glaciers aient pu se
former naguére, il faut soit que la limite des
neiges ait été plus basse, soit que des langues,
issues des sommets voisins, aient conflué et se
soient engorgées, jusqu’á ce que leur altitude,
dans sa montée, ait atteint celle des neiges per-
sistantes. Les deux causes ont d’ailleurs pu
jouer simultanément.
Le Vatnajökull n’est pas un inlandsis. — Dans
son article capital, Albert Bauer écrit (p. 8):
„ .. . le Vatnajökull n’est pas un inlandsis, con-
trairement á ce qui a été écrit récemment
(Romanovsky et Cailleux, 1953)“.
Reportons-nous á l’ouvrage cité par Bauer,
au paragraphe: „Dimension, forme et classifica-
tion“ des glaciers. P. 71, nous y lisons:
L’Inlandsis se classent tout á fait á part, par
leur surface et leur volume immenses. Dans la
nature actuelle il en existe deux. L’Inlandsis
antarctique (fig. 7, p. 40) recouvre plus des
neuf-dixiémes du continent antarctique; il oc-
cupe environ 13 millions de kilométres carrés,
vingt-quatre fois la France, huit fois l’Inlandsis
groenlandais. Celui-ci á son tour est deux cent
fois plus étendu que le Vatnajökull (8400 km2)
suivi de trés prés par la foule des autres glaciers
locaux. Ainsi c’est entre Inlandsis et glaciers
locaux qu’il y a actuellement différence d’éch-
elle, hiatus. Le hiatus s’accentue encore en
volume. . .“ Et p. 73—74 nous rangeons le Vatna-
jökull dans les glaciers locaux, bien entendu.
Nos conclusions sont donc en excellent accord
avec celles de Bauer, fondées sur d’autres con-
sidérations.
Albert Bauer a montré que les quatre prin-
cipales calottes glaciaires d’Islande ont des cour-
bes de distribution de surface variées, qui res-
semblent á celles de glaciers de vallée, tandis
que l’inlandsis du Groenland donne une courbe
clifférente. J’ai moi-méme proposé d’expliquer
l’originalité des inlandsis en reprenant sous le
nom d’autocatalyse d’altitude (1952) une hypo-
thése due á C. E. Wegmann, et dont on trou-
vera l’exposé dans l’ouvrage de Romanovsky et
Cailleux (1953) et des développements dans un
de. mes travaux ultérieurs (1954). Aussi est-ce
avec un grand plaisir que je vois mon distingué
ami Albert Bauer souligner lui aussi l’origi-
nalité des inlandsis et apporter, á la description
des glaciers locaux islandais, une contribution
trés importante et dont il doit étre chaleureuse-
ment remercié.
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