Islande-France - 01.11.1947, Blaðsíða 13
ÍSLANDE- FRANCE
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nes, les “Histoires des Evéques” sont
apparentées aux “Vies de Saints” et
aux biographies de prélats écrites
dans de nombreux pays. D’autres
racontent les événements dont la
nation fut le théátre aux 12° et
13° siécles et ont été écrites par des
contemporains. C’est ainsi que
Sturla Thordarson (1214—1284) écri-
vit l’“Islendingasaga”, qui traite de
l’époque des “Sturlungar”, époque
grandiose et tragique qui se termina
par l’effondrement de la république
et l’établissement de la domination
du roi de Norvége sur l’Islande, en
12(54. Toutes ces oeuvres ont été
réunies dans un recueil qui porte
le nom de “Sturlunga” et qui peut
étre compté parmi les grandes
oeuvres historiques du monde.
Mais les historiens islandais du
Moyen Age ne se eontentent pas
d’écrire sur leur propre nation; ils
s’intéressent á tous les pays ou la
langue norroise est parlée; leurs
ouvrages traitent des “varengues”
á Constantinople, des Vikings d’Ir-
lande et d’Angleterre, des rois nor-
végiens etc .... Tel est le cas de
l’auteur de l’“Heimskringla”, le célé-
bre Snorri Sturluson (1178—1241).
Snorri a appris la critique historique
d’Ari le Savant, mais il s’inspire de
l’art j)lus parfait des écrivains posté-
rieurs. C’est un chef et un honnne
de cour: aussi sa connaissance du
monde lui donne-t-elle une compré-
hension particuliére des hommes et
des événements les plus divers. Ses
récits, écrits avec gout, dans un style
limpide, dénotent un esprit libre qui
s’efforce d’exposer la logique de 1’
histoire sans s’arréter á des considé-
rations personnelles.
Plus connu et plus important est
le cycle historique appelé “sagas des
Islandais” ou “sagas des familles
islandaises”. Ces derniéres font le
récit des événements qui se produisi-
rent durant les deux siécles qui
suivirent l’établissement des colo-
nisateurs dans l‘ile: c’est d’ailleurs,
ce qu’on a appelé “l’áge des Sagas”,
une sorte d’époque héroi'que, d’áge
d’or. Ces “Sagas” s’appuient, pour
la plupart, sur d’anciennes légendes
orales difficilement contrólables;
leurs auteurs usent de la méme lan-
gue, du méme style, mais révélent
cependant, á l’étude, des tempéra-
ments différents. 11 y a certainement
dans ce qu’ils écrivent un mélange
de fiction et de vérité qui va s’ac-
centuant avec le temps; beaucoup
sont une oeuvre d’art plus qu’une
oeuvre scientifique.
Dans ce groupe, le style historique
des anciens Islandais atteignait
la perfection; un genre littéraire
indépendant, surgi de la vie
nationale de l’Islande se crée,
avec des ])rocédés d’art tout á fait
originaux. Leur philosophie est une
sorte de philosophie lai'que, hasée
sur l’étude de la vie humaine, selon
des conceptions antérieures á l’in-
troduetion du christianisme dans le
])ays. Les historiens islandais ont
réussi á donner lá une image adé-
quate de leur civilisation et de leur
vie nationale: c’est, dans une certaine
mesure, leur “Comédie Humaine”.
Dissensions, luttes sanglantes, ven-
dettas en sont les épisodes habituels;