Islande-France - 01.11.1947, Qupperneq 11
ÍSLAÍStDÉ-FRANCE
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toujours le lieu d’élection, clirétiens
d’Irlande, souvent de foi indécise,
que le hasard d’un voyage ou de la
captivité avaient amenés lá, eurent
bientöt fait de fusionner.
L’année 930 fut celle de la fonda-
%
tion du Parlement, l’Althing, et vit
la naissance d’une république is-
landaise de caractére oligarchique,
mais qui, cependant, sauvegardait
certaines lihertés démocratiques. La
hiérarchie sociale compliquée, im-
portée de Norvége, n’avait pas
survécu á une période obligatoire-
ment troublée par nomhre de dé-
placements et de désordres. Un nivel-
lement général s’était produit,
beaucoup plus grand ici quc dans
les autres pays. Tout meurtre injuste
d’une personne lihre, de quelque
condition qu’elle fut, devait étre
réparé par le versement d’une som-
me d’argent identique, fixée par la
loi. Chaque paysan libre avait la
faculté de choisir le chef qu’il dé-
sirait servir. La différence entre le
chef et le simple citoyen n’était pas
aussi grande que dans la plupart des
autres pays, et toutes les personnes
libres vénéraient des idéals d’hon-
neur et de vaillance.
Les colonisateurs de l’Islande
avaient apporté avec eux toutes les
formes d’art en faveur en Scandi-
navie; ils continuérent á les prati-
quer, et la poésie, en particulier, fut,
dés l’unification politique du pavs,
trés brillante. C’était l’époque ou
florissient en Norvége les poémes
eddiques et les poémes scaldiques.
Les premiers, d’origine fort an-
cienne, puisqu’ils s’apparentent, for-
me et fond, á la vieille poésie al-
lemande et anglo-saxonne, étaient des
poémes héroi'ques qui décrivaient
les événements importants et gran-
dioses qui s’étaient déroulés au temps
des migrations; le sujet en était
généi’alement tragique et on v
décrivait, dans un stvle plein de
vigueur el de passion, les combats
des guerriers qui s’étaient imposés
par leur vaillance: Ermanaric, roi
des Goths, Sigurd, le vainqueur de
Fafner etc......A l’époque des Vi-
kings, on continuait d’écrire des
poémes eddiques et les plus anciens
parmi ceux-ci pourraient dater de
cette époque, bien que leur origine
soit plus ancienne. I)e l’esprit de
cetle époque peut provenir l’inspira-
tion de certains poémes qui traitent
de l’amour, tel le beau poéme sur
la Valkyrie Sigrun. Ils furent trés
appréciés en Islande, et c’est lá seule-
rnent qu’ils nous ont été conservés.
On continua, ici aussi, d’en compo-
ser, mais on remarque que ces oeu-
vres plus récentes sont moins rudes
et prennent volontiers une teinte élé-
giaque et uostalgique. Certaines d’en-
tre elles traitent des dieux jiaiens
nordiques, quelquefois sous une for-
me didactique, tels par exemple
“Hávamál”, dans lequel Odin, le chef
des dieux, tient de longs discours
entremélés de conseils moraux et de
maximes, et “Völuspá”, qui retrace
toute l’histoire du monde, d’une fa-
?on assez pessimiste d’ailleurs, car
la prophétesse qui décrit ses mys-
térieuses visions, ne voit que corrup-
tion parmi les hommes et les dieux:
il est vrai que tout ne périra pas