Islande-France - 01.11.1947, Side 40
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ÍSLANDE - FRANCE
L ISLANDE, TERRE DE GLACE
ET DE FEE
“Un triste pays, je t’assure : des
pierres, des pierres, rien que des pier-
res et les gens de l’ile ne savent ])as
ce que c’est que les arbres”. Pierre
Loti n’avait jamais vu l’Islande, mais
beaucoup de personnes en sont en-
eore restées á ce jugement sommaire
qu’il met sur les lévres de Yann, le
pécheur breton.
La vérité est tout autre, et puis-
que “Islande-France” nous en offre
l'occasion, nous voudrions, pour nos
amis de langue franQaise, essayer de
remettre les choses au point.
On a souvent appelé l’Islande “la
terre des contrastes”. Elle mérite ce
nom. C’est une terre d’oppositions
naturelles, placée, comme l’a trés
bien dit un géographe frangais, “en-
trelesglaces du póle et les flammesde
l’ahime”; une terre de glaciers el de
volcans; de paysages blancs de neige,
de geysers bouillonnants et de sour-
ces chaudes, dans l’eau desquelles on
peut se baigner en plein air, méme
au fort de l’hiver; une terre de fjords
majestueux et de vallées charmantes
qui semblent inviter le voyageur, et
d’étendues désolées, arides, austéres,
couvertes de lave; une terre de beaux
lacs aux gracieux contours et de ri-
viéres serpentant au milieu de prai-
ries vertes et fertiles, et de cata-
ract'es au bruit assourdissant. C’est
aussi une terre au ciel clair et aux
coloris extraordinaires, oú l’été est
éclairé d’un jour perpétuel, ou brille
le soleil de minuit et oú, durant les
longues nuits d’hiver, on admire les
fameuses aurores ])oréales, écharpes
mouvantes de lumiére verte, phos-
phorescente, souvent frangées de
pourpre et d’orangé, qui se déroulent
d’un bout á l’autre du ciel plein
d’étoiles. De plus, c’est une terre qui
a une liistoire des plus intéressantes;
c’est la patrie des “sagas”, et la na-
tion qui posséde l’assemblée législa-
tive la plus vieille du monde.
Située á moins de quatre jours de
voyage de l’Angleterre, par bateau,
(et á moins de 7 heures de Paris
par avion), au milieu de l’Océan
Atlantique, i’Islande est comme la
pierre oú il faudrait poser le pied
pour passer á gué de l’Ancien Monde
dans le Nouveau.
Son nom qui signifie “Terre de
glace” évoque sans doute dans l’ima-
gination de bien des gens, l’idée de
quelque contrée désolée, froide et
lointaine. Mais, conune les Islandais
le diraient eux-mémes, “ce nom est,
de beaucoup, ce qu’il y a de plus
froid dans le pays”. Le courant tiéde
du Gulf Stream, qui entoure l’ile
presque complétement, en adoucit le
climat d’une maniére inattendue.
Celui-ci est assez doux, sans grands
écarts de température. A Reykjavik,
on note une moyenne de 0 degré
centigrade en janvier, et de II en
Juillet. Le temps y est seulement
capricieux, et il y pleut souvent.
La neige qui tombe en hiver séjourne