Le Pourquoi pas - 2012, Síða 18
Je suis un nostalgique des
voyages lents des siècles pas-
sés, plusieurs mois pour at-
teindre l’Inde, l’Indochine,
les Amériques…et peut être
finalement s’atteindre !
Cela signifiait aussi l’éloi-
gnement des êtres chers,
l’épreuve de la patience et
de la confiance. Nous re-
trouverons sans doute cela
avec les longs voyages inter-
planétaires…
Nous vivons une époque d’ac-
célération, de zapping. Ralen-
tir est une question de sur-
vie, pour mieux sentir, mieux
intégrer, mieux vivre et mieux
mourir.
La vitesse est souvent une fuite
en avant. Par exemple, elle per-
met dans toute pratique cor-
porelle (danse, arts martiaux,
musique) de cacher les défauts
(pas toujours), les failles, par-
fois la médiocrité, au risque de
devenir une gesticulation inu-
tile. Cela demande un effort,
une maîtrise que de ralentir
son geste ou son activité, de
sentir que ceux-ci ont un pro-
longement plus important que
celui du corps apparent. Habi-
tons nos mouvements plutôt
que d’être possédé par eux.
Ralentir la consommation
pour préserver notre écosys-
tème, cela passe aussi par la
prise de conscience de nos
besoins réels, par le fait de se
dégager du superficiel pour
consommer autrement. Ralen-
tir les repas permet de man-
ger mieux et moins. Ralentir
la parole, redonner la place au
silence, à l’écoute. La liste est
longue pour remplacer le règne
de la quantité et de la vélocité
par celui de la qualité et de la
lenteur. Ralentir n’est pas faire
moins, mais mieux, plus en
profondeur, avec présence. Ce
n’est pas l’inertie ou l’inaction,
mais tendre vers un geste juste
au moment juste. Entretenons
le mouvement, la vie, mais dans
la lenteur, la vitesse vient d’elle-
même et reste toujours relative,
Albert Einstein ne contredirait
sans doute pas cela.
La recherche de la lenteur peut
nous permettre d’approcher
des vitesses infinies, les ex-
trêmes se rejoignent. Le temps
nous échappe, ne courons pas
après, asseyons-nous ! On ne
court pas après son ombre et
soyons plus créatifs que le
chien qui poursuit sa queue, à
moins qu’il ne le fasse pour se
moquer de ses maîtres !
Appliquons cela à nos voyages,
prenons l’avion (petit compro-
mis !), mais une fois sur place,
ralentissons, osons rester au
même endroit, quitte à décevoir
notre entourage qui ne man-
quera pas de dire : « Tu n'as pas
vu Geysir, le Blue Lagoon ? ».
Après un temps de vie en Cé-
vennes, terre de rebelles et «
île » alternative dans le paysage
français, j’ai choisi l’Islande
pour me poser, île d’espace (320
000 habitants pour 100000
km2), île de silence, de transfor-
mation géologique puissante et
visible à l’échelle humaine.
J’y ai découvert une terre et
un ciel qui invitent à s’asseoir,
à écouter leur dialogue, à ren-
contrer la nature pour rencon-
trer notre propre nature, à nous
réconcilier avec nous-même.
La terre d’Islande, jaillie des
eaux il y a seulement 20 mil-
lions d’années, est toujours
en formation et poursuit son
expansion. Elle est la manifes-
tation de la vie sous nos pieds,
terre brute, chaotique, sans le
mensonge du temps et de son
activité érosive.
Elle nous renvoie à une vérité
brute, sans masque et nous in-
vite à retirer les nôtres.
Le magma est ici plus proche
qu’ailleurs de la surface, pro-
fondeur fluide, qui nous ac-
compagne dans la décristal-
lisation de nos mémoires et
souffrances. Ici, il est encore
possible de déployer ses ailes
pour rejoindre les fous de bas-
san ou les mondes subtiles des
elfes.
Cette terre est thérapeutique
pour celui qui prend le temps de
s’abandonner entre ses mains
avec confiance. Nous vous y
invitons pour vous connecter
au mouvement lent et inexo-
rable d’un glacier, au mouve-
ment nonchalant et fluide de
la lave, à celui de la séparation
des plaques tectoniques, des
aurores boréales, des échos de
nos propres rythmes intérieurs.
Nous avons choisi Myvatn
pour organiser nos séjours car
cette région est un concentré
de l’Islande qui permet, une
fois sur place, de passer très peu
de temps en véhicule et d’avoir
à quelques minutes : champs
de solfatares, caldeira, lac et
oiseaux migrateurs, hommes
et traditions vivantes, bains
chauds dans la nature, baleines
à Husavik, gorges de la Jokulsá,
royaume des elfes dans l’Est,
Askja, aurores boréales l’hiver…
Nous sommes ouverts à toute
organisation de séjour où la
contemplation est à l’honneur
que ce soit avec l’ornithologie,
la géologie, la photographie ou
des séjours de yoga, Qi gong,
méditation, watsu.
L’Islande est pour nous une
terre initiatique, dans le sens
premier du retour à la source.
Ce n’est pas pour rien que Jules
Verne s’en est inspiré pour son
« Voyage au centre de la terre »
ou JRR Tolkien pour « Le sei-
gneur des anneaux »
Avec Harpa Barkardóttir, ma
compagne, nous nous sommes
donnés comme objectif de
créer des voyages en individuel
ou en groupe où les conditions
sont réunies pour que chacun
puisse vivre l’expérience de
l’Islande en profondeur, dans
le respect de l’environnement,
des habitants et de soi-même.
www.alkemia.is
Contact@alkemia.is
Par Jean-Marc Plessy, fon-
dateur de l’agence de voyage
Alkemia
Photo : Jean-Marc Plessy
No18 Découverte / Publicité
« Slow travel »
à Mý t