Bibliotheca Arnamagnæana - 01.06.1999, Side 45
II Scholarly prehistory
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Quelques personnes ont prétendu que toutes les fables contenues
dans VEdda n’étoient que le fruit de l’imagination de son auteur [...]
Supposer que Snorron a inventé les fables de VEdda, c’est prouver
qu’on n’a lu ni ce livre, ni les autres histoires du Nord, de l’Alle-
magne, de l’Angleterre; c’est ignorer que tous les andens mémoires
que nous avons sur ces pays, que les écrivains Grecs & Latins pos-
térieurs au 6™e siécle, que les monumens runiques, la tradition, les
superstitions populaires, les noms des jours & plusieurs fasons de
parler encore aujourd’hui en usage déposent unanimément, que toute
cette partie de l’Europe å servi O din & les Dieux de VEdda, pendant
tout le tems qui a précedé le Christianisme. - Cependant s’il étoit
besoin de répondre å une objection que la leeture seule de VEdda &
des remarques que j’y ai ajoutées, préviendront assez, il n’y auroit
qu’å jetter les yeux sur quelques fragmens de la Poésie de ces an-
dens Scaldes du Nord que j’ai traduits en framjois, & qui se trouve-
ront å la fin de ce livre. On y reconnoitra partout la méme Mytholo-
gie qui est exposée dans VEdda, quoique les auteurs de ces piéces
ayent vécu dans des tems & des lieux différens de ceux ou vivoient
Sæmund & Snorron.44
(Some people have maintained that all the Fables of the Edda were
nothing but the offspring of the Author’s fancy [...] To suppose that
Snorro invented the Fables of the Edda, plainly proves the maintain-
er of such an opinion, neither to have read that work, nor the ancient
historians of the north, of Germany or of England. It shows him to
be ignorant of this great truth, which all the ancient monuments and
records of these countries; which all the Greek and Roman writers
since the sixth century; which the Runic inscriptions, universal tra-
dition, the popular superstitions, the names of the days, and many
modes of speech still in use, all unanimously depose, viz. That be-
fore the times of Christianity all these parts of Europe worshipped
Odin and the gods of the Edda. - Nevertheless, if it were necessary
to answer an objection, which the bare perusal of the Edda alone,
and the Remarks I have added, will sufficiently obviate; the reader
need only cast his eyes over some Fragments of Poetry of the an-
44 Mallet 1756, Avant-propos: 21-22.