Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Page 19
LES ORGANES POLITIQUES DE L’ÉTAT EN
FINLANDE ET LA RÉPARTITION DE
L’AUTORITÉ ENTRE EUX
Par Kaarlo Kaira,
Professeur á la faculté de Droit de l’Université de Helsinki.
J’AI choisi comme sujet de cet article l’organisation et le fonc-
tionnement des organes du pouvoir législatif et du pouvoir
exécutif et la répartition de l’autorité entre ces organes ainsi
que leurs rapports et leur collaboration. Ce probléme est un des
plus essentiels de la Constitution. C’est de sa bonne solution que
dépend dans une grande mesure le fonctionnement favorable de
l’appareil gouvernemental.
Pour introduire mon sujet, je me permets de rappeler que la
Finlande, tout en n’étant devenue un Etat indépendant qu’aprés
la grande guerre, a néanmoins parcouru une longue évolution
historique qui lui donna la possibilité de proclamer au moment
propice son indépendance et d’obtenir le bien le plus précieux de
chaque peuple, l’indépendance politique. Cette évolution plusieurs
fois séculaire a aussi mis son empreinte sur la Constitution actuelle
du pays.
Rattachée á la Suéde en plein moyen-áge, la Finlande partagea
l’histoire de ce pays jusqu’en 1809, de méme que son évolution
politique et sociale. La royauté, d’abord élective, puis héréditaire,
tantót forte, tantót faible, mais jamais absolue; la participation
du peuple au travail législatif et son droit de fixer les impóts;
la liberté légale du peuple et le droit des paysans á posséder
librement leurs terres, droits qui ne disparurent jamais com-
plétement — voilá quelques traits historiques qui ont fait du
peuple finlandais un peuple aimant la liberté, un peuple que les
épreuves et les dures mesures d’oppression russes de la fin du
XlXéme siécle ne réussirent pas á abattre.
Entre 1809 et 1917, pendant la période de l’union avec l’Em-
pire des tsars, la Finlande forma un Etat intérieurement autonome,
rattaché á la Russie en droit constitutionnel. Pendant toute cette
période, la Finlande possédait sa propre constitution et ses lois
particuliéres. Elle avait, á cóté du souverain commun avec la
Russie et pour l’assister, son gouvernement á elle et un parlement
qui fut d’abord une diéte á quatre états, puis une chambre uni-