Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Page 31
LE CONFLIT DE 1905 ET LES TRAITÉS
DE CARLSTAD.
1T" A dénonciation en 1905 de l’union entre la Norvége et la
Suéde et les traités de Carlstad 7 afférents ont été con-
-il—V sidérés non seulement comme un nouveau point de départ
dans les relations nordiques, mais aussi comme un pas important
vers la solution pacifique des conflits internationaux. Il est donc
fort naturel que la présente revue, dés le début, ait eu comme un
point de son programme de consacrer quelques articles á cet événe-
ment historique.
L’union datait du 4 novembre 1814, quand le roi Charles XIII
de Suéde fut élu roi de Norvége par le Storting (la Chambre des
députés). Les conditions de l’union étaient stipulées dans le
« Riksakt » (Acte d’Etat), adopté par les états généraux de Suéde
et le Storting de Norvége le 31 juillet 1815. L’union était une
union strictement personnelle; seule la politique étrangére était
commune, dirigée par un ministre membre du conseil de Suéde,
et les deux Etats n’avaient qu’un seul corps diplomatique et con-
sulaire recruté parmi les ressortissants des deux pays.
La raison formelle de la rupture entre le Storting de Norvége
et le roi était précisément le conflit concernant la gestion des af-
faires étrangéres. Des commissions mixtes avaient, pendant des
années, discuté les modalités d’un service consulaire double et, en
1905, ces discussions étaient arrivées á un point mort. Les négo-
ciations engagées entre les deux gouvernements furent interrom-
pues le 7 février. Le 11 mars le gouvernement conservateur de
M. Hagerup était réorganisé en un conseil national sous la pré-
sidence de Christian Michelsen.
Un comité spécial du Storting ayant recommandé une solution
unilatérale de la question, le prince héritier Gustaf (V), résidant
á Oslo comme vice-roi, dans une lettre adressée audit comité, avait
souligné la necessité d’une solution bilatérale, conformément au
« Riksakt». Mais il n’avait pas l’oreille du Storting, et quand le roi
et le gouvernement suédois proposérent formellement d’ouvrir
de nouvelles négociations (le 5 avril), le gouvernement norvégien
déclara qu’il n’était prét á négocier qu’apr.es l’institution d’un ser-
vice consulaire norvégien. La loi y relative fut votée á l’unanimité
par le Storting (le 23 mai); mais le 27 mai le roi Oscar II
refusa sa sanction. Tous les membres du cabinet donnérent, en
conséquence, conjointement leurs démissions. Dans cette situation,