Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Síða 34
LA CONFÉRENCE DE CARLSTAD D’AOÚT-
SEPTEMBRE 1905.
Par Joh. Hellner,
Ancien ministre des affaires étrangéres de Suéde.
rE jeudi 31 aout 1905, vers une heure de l’aprés-midi, un
groupe de messieurs traversa la place du marché de Carls-
•V tad, se dirigeant vers l’hótel des Francs-Ma^ons. Ils avan-
gaient parmi des rangées de spectateurs vivement intéressés. Ces
messieurs, au nombre de cinq, avaient l’air soucieux, et ils avaient
bien raison de l’avoir, car ils se rendaient á des négociations graves
et importantes, dont le résultat déciderait si le coup du 7 juin
allait mener á la guerre entre les deux peuples fréres ou si l’union
de ces pays serait dissoute pacifiquement. C’étaient Christian Mi-
chelsen, président du conseil norvégien, Georges Lövland, ministre
norvégien des affaires étrangéres, Charles Berner, président du
Storting, et M. Benjamin Vogt, avocat á la cour de cassation, an-
cien membre de la section du Conseil d’État norvégien á Stock-
holm; ces quatre messieurs étaient désignés comme délégués par
le gouvernement norvégien, et ils étaient accompagnés de M.
André Urbye, docteur en droit, procureur général, qui remplissait
les fonctions de secrétaire de la délégation.
Dans la grand’salle de l’hötel des Francs-Magons, la délégation
suédoise attendait les commissaires norvégiens. Elle se composait
de Christian Lundeberg, président du conseil, du comte Frédérik
Wachtmeister, ministre des affaires étrangéres, de Hjalmar Ham-
marskjöld, ministre des cultes, et de Charles Staaff, ministre sans
portefeuille. Les secrétaires de la délégation suédoise étaient Char-
les Berg, secrétaire général au département de la justice, et l’auteur
du présent article, alors chef du bureau de la législation au méme
département.
Les délégations prirent place des deux cötés d’une table dressée
en travers de la grand’salle. Aprés qu’on eut établi le réglement
et qu’on fut convenu de certaines questions formelles, Lundeberg
donna lecture d’un mémorandum résumant les sujets qui seraient
débattus. Ce mémorandum indiquait deux conditions pour que
la Suéde acceptát la dissolution de l’union: l’une était que, de
chaque cöté de la partie sud de la frontiére, il serait fixé un certain
territoire dans lequel les fortifications élevées dans les derniers