Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Síða 37
LA CONFÉRENCE DE CARLSTAD
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n’avaient jamais pu la réduire. Par ses traditions, elle avait pour
les Norvégiens une haute valeur historique.
Michelsen releva qu’alors que Frederiksten avait été moderni-
sée á une époque récente, cette forteresse et les autres places fron-
tiéres avaient un caractére exclusivement défensif. C’étaient des
forts d’arrét, dont la mission était de permettre une mobilisation,
et ils ne sauraient constituer á aucun égard une menace contre
la Suéde. La Suéde n’avait jamais jugé nécessaire d’élever en face
d’eux des fortifications correspondantes.
Michelsen résuma une série de rapports des commissions nor-
végiennes de la défense nationale depuis 1814. Il fit observer
que toutes ces déclarations relevaient la nécessité des fortifications
en question pour protéger la presqu’íle contre des agressions d’en-
nemis venant du sud. On avait envisagé l’hypothése qu’une armée
ennemie descendít dans la province de Bohus ou autre part dans
la partie méridionale de la Suéde. Les fortifications n’avaient pas
été élevées contre la Suéde, mais pour défendre toute la péninsule.
C’est pourquoi les amis de l’union méme les plus sincéres en avaient
recommandé la construction.
Michelsen continua: Kongsvinger était, comme on l’avait dit,
une vieille forteresse faisant partie de la ligne intérieure des forti-
fications. Par ses souvenirs historiques, Frederiksten était trés
chére au peuple norvégien. Si la Norvége était obligée, de gré ou
de force, de démanteler ces deux forteresses, ce serait pour l’amour-
propre norvégien une grave humiliation qui ne pourrait favoriser
une bonne intelligence des peuples, mais qui serait au contraire
une source perpétuelle d’hostilité, d’inquiétude et de troubles.
La Norvége ne saurait par conséquent discuter le démantélement
de ces forteresses. Quant á örje et Dingsrud, la Norvége était
préte á négocier, quoiqu’il lui en coutát, et malgré le danger de
la reaction de l’opinion publique en Norvége. Michelsen espérait
que le point de vue qu’il venait d’exposer serait bien interprété
en Suéde, et qu’on ne le considérerait pas comme un manque de
volonté pacifique.
Lundeberg remercia Michelsen de son exposé. Il n’avait pas
besoin d’assurer que le Riksdag suédois était animé d’un vif désir
de créer de bons rapports entre les deux pays á l’avenir. Les
mesures proposées ne devaient d’aucune fagon constituer une
humiliation pour la Norvége. II supposait que de part et d’autre
on étudierait la question objectivement. Si l’on voulait atteindre
le but, qui était la bonne intelligence á l’avenir, il ne faudrait
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