Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Page 38

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LE NORD
pas repousser les moyens. On n’avait nullement l’intention de
toucher á de vieux monuments historiques, mais il s’agissait de
fortifications récentes.
Quant á Kongsvinger, on avait pensé en Suéde qu’une armée
étrangére venant du sud n’aurait guére d’intérét á avancer aussi
loin vers le nord avant d’attaquer la Norvége. L’importance de
la forteresse était donc uniquement qu’elle était dirigée contre
la Suéde. L’étude des ouvrages avait montré aussi qu’ils étaient
surtout orientés vers l’est et qu’ils pouvaient difficilement opérer
vers le sud. Dingsrud n’avait manifestement aucune autre mission
que d’arréter une offensive venant de Suéde. II en était de méme
d’örje. Cette forteresse était par son emplacement d’autant plus
mena^ante que la portée de ses canons allait á une bonne distance
en territoire suédois. Quant á Frederiksten, on ne songeait pas á
toucher á la vieille forteresse. Mais les nouveaux ouvrages ne
sauraient avoir d’autre but que contre la Suéde. Hjelmenkollen
dirigeait toute sa force contre la voie de sortie vers la province
de Bohus. Les autres forts de Frederiksten dominaient des eaux
suédoises et du territoire suédois. Ils ne constituaient pas une dé-
fense contre une flotte ennemie ni ne pouvaient couvrir la flotte
norvégienne, puisqu’elle ne s’engagerait raisonnablement pas dans
le détroit de Svinesund ou le f jord d’Ide á cause du danger qu’elle
courrait d’étre enfermée et bloquée. Les quatre forts qui faisaient
partie de la place de Frederiksten représentaient ensemble une
force contre la Suéde d’autant plus redoutable que le détroit
de Svinesund et le f jord l’Ide étaient divisés entre les deux pays.
Le danger que présentait le fait que ces forteresses dominaient du
territoire suédois devrait étre écarté.
En ce qui concernait le mécontentement et le froissement de
l’amour-propre national, il était juste d’une part que la démoli-
tion des forteresses pourrait éveiller ces sentiments. Mais qu’ar-
riverait-il si les fortifications étaient conservées? On verrait alors
naítre en Suéde une méfiance et une inquiétude si fortes qu’il
serait á la fin impossible d’éviter une excitation qui mettrait en
péril la paix. Nous avions justement eu une bonne occasion de
voir comment un sentiment peut étre soulevé par agitation á
propos de mesures prises en vue de la défense.
Quant á l’opinion publique, les événements de l’été devaient
nécessairement créer chez les Suédois une certaine inquiétude, et
l’intervalle qui s’était écoulé depuis lors n’avait pas guéri la bles-
sure faite le 7 juin, mais l’avait au contraire envénimée. Quant á