Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Page 39
LA CONFÉRENCE DE CARLSTAD
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l’esprit public en Suéde, il serait regrettable si on ne supprimait
pas dés á présent ce qui á l’avenir pourrait devenir une menace
contre la paix. Et il fallait aussi compter avec l’opinion dans
notre pays. Si les deux peuples étaient animés du désir d’assurer
une vie commune dans la paix et un avenir calme et heureux,
il u’y avait d’autre moyen que de supprimer toutes les causes
d’inquiétude et de méfiance.
Hammarskjöld appela l’attention sur le fait que si l’on ne
creait pas la zone neutre proposée par le Riksdag suédois, la Nor-
yege serait libre d’élever de nouvelles fortifications. II n’était pas
juste de dire que les fortifications de frontiére n’eussent qu’un
but défensif; elles avaient á couvrir une concentration stratégique,
et il était á ce point de vue trés important que Kongsvinger et
Frederiksten étaient situées sur un chemin de fer. — II était trés
facile de distinguer entre des forteresses anciennes et des forteresses
recentes. Il était trompeur de qualifier Kongsvinger et Frede-
riksten de vieilles forteresses; elles n’avaient en somme rien de
commun avec les vieilles places fortes que la localité ou elles
étaient situées. Hammarskjöld fit observer que Kongsvinger était
considérée par les autorités norvégiennes comme faisant partie de
la ligne avancée.
M. Vogt croyait que le Riksdag suédois n’avait pas tant pensé
aux fortifications futures qu’aux forteresses actuelles. II compre-
nait bien que les Suédois avaient éprouvé de l’amertume en ap-
prenant que la Norvége avait élevé en pleine union des fortifi-
cations contre la Suéde, mais il ne trouvait pas que ce sentiment
fut justifié, du moment que l’union était dissoute. Il était im-
possible de convaincre les Norvégiens que ces forteresses consti-
tuassent une menace contre la Suéde. Qu’elles pussent couvrir une
mobilisation, cela ne prouvait rien, car c’était également le cas
d’autres institutions militaires telles que la flotte. Aucune régle
internationale ne défendait á un pays de construire des fortifica-
tions dont les canons portaient au-delá des frontiéres. A ce point
de vue, la construction des fortifications norvégiennes ne sauraient
etre qualifiée d’illégale. La demande de démolition des fortifica-
tions se heurta á une vive opposition en Norvége, d’abord parce
que c’était sans précédent dans l’histoire qu’un État exigeát en
temps de paix d’un autre État qu’il démantelát des fortifications,
ensuite parce que les fortifications avaient une grande importance
pour la défense de Christiania et, enfin, parce que toutes les com-