Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Blaðsíða 41
LA CONFÉRENCE DE CARLSTAD
37
ce monde, si ces deux peuples méme ne youlaient pas consentir
l’un á l’égard de l’autre des limitations de cette nature. M. Yogt
avait cru découvrir dans la demande suédoise le désir d’établir
des mesures humiliantes. On ne pouvait nier que cette opinion n’eut
eté exprimée au Riksdag suédois au cours des premiers débats sur
cette question. Mais ce n’était pas cette maniére de voir qui avait
inspiré la demande des autorités suédoises. Celles-ci devaient dé-
gager ce qui dans la demande était juste et fondé, et c’est bien
ce qu’elles avaient fait. Lorsque, á la suite du changement produit
le 7 juin, la Suéde demandait á assurer sa sécurité á sa frontiére
occidentale, elle avait réduit ses exigences au juste minimum. Et
cette condition était méme dans une si parfaite harmonie avec
les efforts que, depuis quelque temps, la Norvége en particulier
avait proclamés comme les siens, que si la Norvége la repoussait,
on ne pourrait l’expliquer qu’en disant qu’elle ne voulait faire au-
cune concession á la Suéde. Si tel était le cas, qu’espérait-on ob-
tenir alors par des négociations? La Norvége devrait mettre dans
l’un des plateaux la ligne extérieure de ses fortifications et dans
l’autre son amitié future avec la Suéde. Le choix, certes, était
difficile, mais la Norvége devait s’y résoudre, car l’exigence posée
etait soutenue maintenant par le Riksdag, le gouvernement et
tout le peuple suédois uni.
Aprés le discours de Staaff il y eut un silence. On sentait
qu’il avait produit une forte impression sur les Norvégiens.
Enfin Michelsen prit la parole. Il rappelait les circonstances
qui avaient abouti á la résolution du 7 juin. II exposait comment
les Norvégiens avaient tout fait, comment ils avaient multiplié
les efforts pour maintenir l’affaire des consuls dans les bornes
fixées par le droit incontestable de la Norvége. Si le cas avait
eté opposé, la Suéde n’aurait pas pu agir autrement que ne l’avait
fait la Norvége, car toute autre conduite aurait équivalu á une
tenonciation de la part de la Norvége á son droit constitutionnel,
á.sa souveraineté et á son indépendance. On se rendait pourtant
bien compte en Norvége, ou plutót on avait reconnu par la suite,
que la Suéde avait ressenti la résolution norvégienne comme une
humiliation. Mais on avait cru que si la Norvége satisfaisait aux
demandes suédoises dans les questions qui étaient les plus délicates,
aux yeux de la Norvége, il n’y aurait pas de difficultés insur-
tnontables á se mettre d’accord sur le fond. Il croyait pouvoir
dire dans cette assemblée, sans commettre d’indiscrétion, que cela
n avait pas du tout été une affaire facile de faire accepter par la