Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Blaðsíða 42
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LE NORD
Norvége l’exigence suédoise portant qu’elle fít une demande á
la Suéde d’engager des négociations. II avait fallu beaucoup de
peines et des efforts énormes. Au sein du gouvernement on avait
été d’avis que la Norvége devait, par considération pour la Suéde,
se montrer prévenant quant á ce point, et cette opinion était par-
tagée par le président du Storting, Berner. Mais lorsque la question
vint devant le Storting, elle rencontra une opposition bien plus
vive qu’on n’avait pensé. Le gouvernement dut mettre en œuvre
tous les moyens disponibles, et pourtant l’affaire ne fut pas réglée
sans un affaiblissement de la position du gouvernement. Nous
croyions toutefois devoir faire cette concession pour montrer que
nous n’avions jamais eu l’intention d’offenser la Suéde. Mais par
la forme sous laquelle elle était posée á présent, tout le peuple
norvégien ressentait la demande de la démolition des fortifica-
tions comme une humiliation. L’affaire pouvait étre bonne en
soi, elle prenait un aspect tout autre dés qu’elle fut présentée
comme une condition. On pouvait obtenir bien des choses en
respectant la liberté, mais lorsqu’on formulait des exigences, on
choquait l’amour-propre national du peuple norvégien. Michel-
sen parla du sentiment qu’éprouverait le peuple norvégien s’il
se trouvait sans défense; il aurait l’impression d’étre aux ordres
de la Suéde. Enfin il fit observer que la forteresse de Frederiksten
était dominée de l’autre cöté du Svinesund par des montagnes;
la Suéde n’aurait qu’á mettre des canons en batterie sur ces mon-
tagnes pour réduire la forteresse. Aussi n’avait-elle qu’une im-
portance restreinte dans une guerre entre la Suéde et la Norvége,
mais une grande si les deux pays étaient alliés.
Lundeberg déclara que s’il était pénible á la Norvége de rem-
plir cette condition, il fallait bien se rappeler que la rupture de
l’union était pénible á la Suéde. Depuis 90 ans, la Suéde avait
vu dans l’union l’instrument le plus fort pour favoriser la paix
dans le Nord, et elle s’était aussi montrée utile á cet effet. Elle
avait assuré la prospérité des deux pays. Si l’union était rompue
et que la Suéde dut voir sa sécurité menacée du cöté qu’elle avait
jusqu’á présent considéré comme un appui, on comprendrait sans
difficulté que ce serait trés pénible pour elle. Si l’on ajoute que
l’union avait été dissoute par un acte unilatéral, il était naturel
qu’on en ressentít de l’amertume. Si l’on mettait cette amertume
dans l’un des plateaux et les sentiments norvégiens devant les de-
mandes suédoises dans l’autre, on ne saurait prévoir de quel cöté