Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Page 43
LA CONFÉRENCE DE CARLSTAD
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pencherait la balance. Un observateur impartial dirait peut-etre
que c’était la Suéde qui était le plus profondément atteinte.
En ce qui concernait l’importance de ces mesures défensives,
nous devions á notre point de vue les considérer comme une me-
nace contre la Suéde. C’était aussi pour nous une situation hu-
miliante que de nous sentir sans cesse menacés. Quant au caractére
purement défensif des forteresses, Lundeberg rappela qu’au Stor-
ting norvégien on avait relevé l’utilité qu’elles présenteraient en
cas d’une offensive.
M. Vogt fit observer que si la Suéde maintenait sa demande de
la démolition des fortifications dans la mesure exigée á présent, la
conférence ne pourrait guére servir á assurer la paix dans la pénin-
sule scandinave. Si au contraire on suivait une autre voie et qu’on
se proposát de créer une zone réellement neutre, dans laquelle
les deux pays s’engageraient á ne pas rassembler de troupes ni
établir de dépöts militaires, et qui ne pourrait servir de base
d’opérations en cas de guerre, et si cette zone était garantie par
d’autres puissances européennes, nous aurions plus de chances
d’aboutir á une solution satisfaisante et favorable á la paix future.
Dans ce cas, il suffirait que la Norvége s’engageát á ne pas entre-
tenir les forteresses existantes et á ne pas y maintenir une garnison
ni de l’artillerie; elles tomberaient bientöt en ruines et une dé-
molition serait superflue.
Hammarskjöld remarqua que c’était lá une nouvelle question
qu’il n’était pas prét á discuter pour le moment. Pourtant il tenait
á repousser dés maintenant l’idée d’une garantie d’autres puis-
sances.
Pour éviter les malentendus, M. Vogt précisa que sa pro-
position de la création d’une zone neutre dans le sens large qu’il
avait indiqué, ne devait pas étre interprétée comme le consente-
ment par la Norvége de supprimer á ces conditions toutes les
forteresses norvégiennes. II avait seulement voulu dire que s’il
devait étre question de démolir des forteresses, il fallait commen-
cer comme il l’avait esquissé.
La séance fut ensuite levée.
A l’ouverture de la réunion du lendemain, 2 septembre, Berner
revint sur l’allusion que Lundeberg avait faite la veille á des dé-
clarations au Storting norvégien au sujet du caractére offensif
des fortifications. Il n’avait pas été possible de trouver des déclara-
tions en ce sens aux endroits indiqués.
Aprés que je fus allé lui chercher un volume des procés-verbaux