Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Qupperneq 48
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LE NORD
les détails difficiles á résoudre. Il demandait aux Norvégiens de
présenter un projet par écrit comme base des discussions. C’était
pour les Suédois une condition absolue que cette zone compren-
drait toute la ligne de Kongsvinger á Frederiksten. Les raisons en
avaient déjá été exposées.
Michelsen remit á Lundeberg un mémoire dans lequel était
précisé ce que les Norvégiens entendaient par une zone neutre.
Alors s’engagea sur la question des fortifications un débat
assez long, auquel prenaient part tous les membres des deux délé-
gations. Les raisons qu’on fit valoir en faveur des différents
points de vue étaient en général les mémes que pendant la pre-
miére lecture, mais les orateurs donnaient plus d’ardeur et d’in-
tensité á leurs paroles. Michelsen, en particulier, déploya une
éloquence vibrante et impulsive, mais toutefois modérée, qu’on
ne pouvait pas ne pas admirer. Il n’hésitait pas á déclarer, en
opposition á un de ses compatriotes qui avait de nouveau fait
observer que l’opinion publique en Norvége réagirait contre la
moindre mesure pour démolir les fortifications, qu’il ne valait
pas la peine de trop parler de l’opinion publique. Dans cette ques-
tion, les opinions publiques se heurtaient; il fallait s’en tenir aux
réalités et manifester les efforts communs en faveur de la paix
en se montrant prévenants les uns envers les autres.
Aprés le déjeuner, Lundeberg prit la parole. Il avait étudié
le mémoire que lui avait communiqué Michelsen, mais il avait
trouvé qu’il ne contenait que des généralités sur le sens de la
neutralité. Comment avait-on, du cóté norvégien, envisagé la
suite? Il voudrait que les Norvégiens présentassent leur projet sous
une forme plus détaillée.
Michelsen déclara qu’on avait pensé que l’article 2 stipulerait
le démantélement des fortifications, et l’article 3 que la zone
neutre serait garantie par l’Allemagne, la France et l’Angleterre.
Lundeberg attira á ce propos l’attention sur le danger qu’il y
aurait á inviter des puissances étrangéres á se méler de nos affaires.
Michelsen observa qu’il était d’accord en principe avec Lunde-
berg, mais que, dans le cas présent, il ne voyait aucun danger á
cette mesure. II y eut un débat. Les Suédois exprimérent á l’unani-
mité leur aversion pour l’idée d’une garantie. Enfin Hammar-
skjöld fit la proposition suivante: Que chacun des pays demande,
s’il le désire, la garantie des dites puissances pour sa partie de la
zone, c-á-d. que la Norvége se fasse garantir que la Suéde ne
commettra, ni en temps de guerre ni en temps de paix, rien qui