Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Síða 51
LA CONFÉRENCE DE CARLSTAD
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Lundeberg ne semblait pas vouloir satisfaire á cette demande.
II était d’avis que le budget pourrait attendre la fin de la con-
férence. Michelsen insista. Les séances du Storting étant suspen-
dues pendant la conférence de Carlstad, beaucoup des parlemen-
taires étaient absents. Les débats ne pourraient commercer que
le dimanche, et si on voulait obtenir que le Storting acceptát un
projet plus vaste, il fallait absolument deux ou trois jours pour
préparer les esprits. Autrement un renvoi serait inutile.
Malgré l’insistance de Michelsen, Lundeberg ne fut pas dis-
posé á céder. Aprés de nouveaux débats, il demanda á conférer
avec ses collégues suédois. Les délégations se séparérent. Les dé-
libérations de la délégation suédoise se prolongérent de nouveau.
Puis Lundeberg retourna et demanda une entrevue particuliére
avec Michelsen. Aprés cet entretien, il y eut encore une longue
conférence de la délégation suédoise.
Nous, les secrétaires, attendions á la chancellerie, et nous nous
demandions quelle pouvait étre la raison du refus suédois d’ac-
corder une prolongation du délai. Enfin Hammarskjöld vint
m’appeler á la salle de séance. « Ouvrez bien les oreilles, me dit-il,
et écoutez ce qui sera dit de maniére á pouvoir jurer de chaque
mot ».
Lorsque les délégués furent réunis de nouveau, Lundeberg
déclara ce qui suit: « Nous nous rendons parfaitement compte
qu’en raison de la situation dans laquelle se trouvent les Norvé-
giens un renvoi jusqu’á samedi á 11 heures ne suffirait pas. Nous
avons fait cette proposition parce que les Suédois avaient plusieurs
motifs pour que le délai ne fut pas aussi long. Les délégués suédois
avaient pensé d’abord accorder un délai jusqu’á mercredi, mais
á condition que les délégués communiqueraient au besoin par Iettre
ou par télégramme au Storting le rapport que nécessiterait la si-
tuation. Le fait est qu’en Suéde on s’inquiéte dans quelques milieux
de ce que la Norvége prend des mesures militaires, ce qui n’in-
dique pas des intentions bien pacifiques. Michelsen m’a toutefois
assuré que ces bruits sont sans fondement et qu’on n’a appelé sous
les armes que trois bataillons pour remplacer des troupes libérées
et qu’il n’y a pas eu d’autres appels ».
Michelsen confirma cela, puis Lundeberg continua:
« J’ai jugé á propos de faire cet exposé pour que nous puissions
nous entendre et pour qu’il soit bien clair que les délégués suédois
ne partagent pas l’inquiétude dont j’ai parlé, et que la proposition