Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Side 58
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LE NORD
été prises d’aprés le raisonnement de l’officier. Et cela est vrai
dans une certaine mesure en ce qui concerne les délégations de
l’un comme de l’autre des pays.
Le Riksdag suédois considérait la demande d’une
zone frontiére non fortifiée
comme une garantie de la paix. Pour les deux pays, disait-il, c’était
une affaire de la plus haute importance qu’en cas de dissolution
de l’union, la paix entre les deux pays fut assurée a l’avenir.
« C’est pourquoi il ne faut pas conserver des mesures que l’un
des pays puisse considérer comme une menace de la part de l’autre.
II vaut bien mieux conclure un accord qui défende aussi á l’avenir
l’établissement de telles mesures. C’est pour ces motifs, qui ont
une égale valeur pour les deux pays, et parce que la Norvége a
élevé au cours des derniéres années des fortifications á proximité
de la frontiére d’État », que la Suéde a posé la condition du dé-
mantélement des fortifications.
A Carlstad, les délégués suédois défendirent ces points de vue
avec force. Mais dans l’opinion suédoise d’autres sentiments se
firent aussi valoir, et l’agitation croissante ne fut certainement
pas sans exercer une pression sur les négociateurs.
Sir Rennell Rodd (actuellement lord Rennell), alors ministre
d’Angleterre á Stockholm, écrit en juillet 1905 dans les Social
and Diplomatic Memories, Third Series: « Swedish amour-propre
which had been wounded by the manner of the rupture, would
have in some measure to be satisfied ».
II importe de ne pas perdre de vue ce point central si l’on veut
comprendre la situation telle qu’elle s’est développée pendant
l’été.
Huit jours aprés la résolution du Storting en date du 7 juin,
j’eus, comme envoyé du gouvernement norvégien, des entrevues
avec plusieurs des dirigeants de Stockholm. « La Suéde, me dit-on,
se sent profondément humiliée. Est-ce que la Norvége voudra
nous donner satisfaction sous quelque forme? » « Si l’on désire
éviter qu’il ne se développe pour de longues années un état de
demi-guerre entre les deux pays, il faut que la Norvége donne
satisfaction á la Suéde sous une forme ou sous une autre. » Les
hommes qui me parlaient ainsi confidentiellement avaient la plus
haute autorité. Et j’ose dire que cette conception se transmit á
Carlstad. Lorsque les Norvégiens soutenaient que l’exigence du
démantélement des fortifications, et notamment des forteresses