Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Page 60
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LE NORD
seraient des éléments naturels et indispensables de la défense des
parties les plus peuplées et les plus riches de la Norvége autour
de la capitale. Elles ne sauraient présenter aucune menace contre
la Suéde, mais elles seraient d’une grande utilité si la Suéde atta-
quait la Norvége, dans le cas, par exemple, ou, comme l’avaient
dit les Suédois eux-mémes, pendant une guerre européenne, les
deux pays y seraient entraínés chacun de son cóté. La paix serait
le mieux servie si les voisins respectaient les droits l’un de l’autre.
En imposant une pareille servitude, on ferait une blessure cuisante,
qui constituerait une plus forte menace contre la paix que beau-
coup de fortifications. On insistait surtout sur la place qu’occu-
paient dans la conscience nationale norvégienne les forteresses de
Frederiksten et de Kongsvinger, et on fit valoir que le Riksdag
avait parlé de « fortifications élevées dans les derniers temps. »
Pendant la conférence, les délégués norvégiens proposé-
rent que la question de savoir si les fortifications norvégiennes
constituaient une menace contre la Suéde et s’il fallait de ce fait
les démanteler dans l’intérét de la paix, serait soumise á la décision
d’une commission internationale d’enquéte conformément á la
Convention de la Haye. Cette proposition était faite pour le cas
ou on n’aboutirait pas á un compromis. On proposa alternative-
ment d’avoir recours á la médiation d’un chef d’État européen
ou du Président des États-Unis d’Amérique au choix de la Suéde,
ou bien de soumettre la question á un arbitrage dans les modalités
que proposerait la Suéde.
La Suéde n’accepta aucune de ces trois propositions alterna-
tives.
Au mois d’aout, j’avais été chargé par le gouvernement nor-
végien de mener avec le gouvernement suédois des discussions
confidentielles relatives á la base de négociations éventuelles entre
les deux pays. Dés mon retour, j’avais informé tous les membres
du Conseil d’État et le président du Storting que le gouvernement
suédois était lié par la résolution unanime du Riksdag, qu’il ne
pourrait négliger, et que si la Norvége ne voulait pas tenir compte
de ce fait dans les négociations, il se produirait certainement une
situation tendue, pour ne pas dire dangereuse. En méme temps
j’avais communiqué comme mon impression personnelle que je
croyais que le gouvernement suédois était animé d’un désir sincére
d’obtenir un réglement á l’amiable et qu’il ne montrerait pas une
intransigeance excessive quant aux détails, pourvu que les condi-
tions du Riksdag fussent remplies. C’était aprés avoir reju ces