Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Qupperneq 61
LES NÉGOCIATIONS DE CARLSTAD
57
informations que le gouvernement norvégien engagea les négo-
ciations, et je vois que le conseiller d’État Bothner1), qui était
sceptique, a noté dans son journal: « Si l’on peut ajouter foi aux
informations que M. Vogt a rapportées de Stockholm ».
II me semblait alors qu’il était permis d’interpréter les condi-
tions du Riksdag relatives aux « fortifications élévées dans les
derniers temps » « á proximité de la frontiére d’État » dans ce
sens que les vieilles forteresses, en partie modernisées, de Frede-
riksten et de Kongsvinger, devraient étre conservées intactes, et
il me paraissait notamment injuste de classer Kongsvinger, située
a 30 kms de la frontiére, sur le bord ouest du Glommen, comme
un élément de notre ligne de défense intérieure, la ligne dite du
Glommen, parmi les « fortifications á proximité de la frontiére
d’État ». Lorsque donc la demande du démantélement fut précisée
de maniére á comprendre aussi la modernisation, le renforcement
et l’utilisation des anciennes fortifications, y compris celles de
Kongsvinger, que les militaires suédois désignaient méme comme
la plus grande des menaces contre la Suéde, ce fut pour moi une
déception amére, et j’ai peur que ce sentiment n’ait nuancé á
un certain point mes interventions dans les débats. Dans la nou-
velle situation j’avais l’air d’avoir égaré mon gouvernement. Et
pourtant je crois que l’impression que j’avais eue en aout était
juste. Mais en Suéde le sentiment s’était progressivement renforcé,
on pourrait dire de jour en jour, notamment dans les milieux mili-
taires, et il semble avoir été nourri par des bruits qui couraient sur
des mesures militaires de précaution en Norvége.
Cette question jouait un certain róle dés le 7 septembre, lors-
que les délégués, aprés avoir, pendant une semaine, discuté notam-
ment la question des fortifications sans aboutir á un accord, de-
vaient fixer un renvoi. Les Suédois formulérent alors l’exigence
que les délégués norvégiens ne restassent á Oslo pour conférer
avec le gouvernement et le Storting que quelques heures seule-
ment, car pour pouvoir retourner á temps á la réunion suivante
á Carlstad, ils devaient repartir dés l’aprés-midi méme du jour
OU ils arriveraient á Oslo dans la matinée. La situation devint trés
tendue; il y eut de nombreuses conférences des deux présidents
x) Harald Bothner (1850—1924), élu en 1903 au Storting comme repré-
sentant de la gauche radicale, membre en 1905 du cabinet Michelsen á la
section de Stockholm du Conseil d’État, aprés le 7 juin 1905 ministre de
‘a justice. Son journal est déposé aux Archives nationales de Norvége et
ne sera publié qu’en 1944.