Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Page 62
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et des séances assez prolongées de la délégation suédoise. Les
délégués norvégiens pensaient ce jour-lá qu’une rupture était im-
minente.
Que s’était-il passé? II y avait en premier lieu le fossé ap-
paremment infranchissable entre les deux groupes dans la question
des fortifications. Mais la cause immédiate paraít avoir été les
bruits qui couraient sur des rassemblements de troupes norvégien-
nes. Dans une conférence particuliére, le président de la délégation
norvégienne avait expliqué au président suédois que le nombre
des troupes norvégiennes sous les armes était infirme. Dans l’une
des entrevues (je ne sais si c’était le 7 septembre) ou les deux
présidents discutaient la question des rassemblements de troupes,
et ou Michelsen avait montré que les contingents norvé-
giens étaient tout á fait minimes, Lundeberg demanda: « Mais
pourquoi voulez-vous avoir des troupes á la frontiére? Cela rend
notre situation comme négociateurs si difficile ». Michelsen ré-
pondit, d’aprés ce qu’il a rapporté: « Yous savez qu’il y a des
gens en Suéde qui pensent que les Norvégiens n’ont pas de bonnes
maniéres européennes. Lorsque, en franchissant la frontiére, nous
avons vu tous ces beaux uniformes bleu clair, je me suis dit:
« Montrons-leur que nous savons étre polis et ayons quelque chose
de pareil ». « Votre Excellence est impossible », remarqua Lunde-
berg en souriant. Mais, en réalité, il était certainement convaincu.
Aprés une longue journée d’inquiétude, on fixa, le 7 sep-
tembre á 7 heures du soir, la nouvelle réunion au 13 á 11 heures.
Mais cette journée et le lendemain furent occupés par une suite
de discussions particuliéres durant lesquelles les deux délégations
étaient dressées, dans la question des fortifications, l’une contre
l’autre comme montagne contre montagne, comme disait Mi-
chelsen.
Vers la fin de la journée du 14, il semble enfin qu’on eut
abouti á un compromis dans la question des fortifications, et on
continua par groupes de deux membres, un de chaque délégation,
á discuter la solution de ce probléme et d’autres points principaux.
Ce fut le 16 seulement que la délégation norvégienne considéra
la question des fortifications comme définitivement résolue, et le
17 on put se réunir en séance pléniére. Le 16 au soir la presse
des deux pays annon^a officiellement qu’on pouvait espérer que
la conférence aboutirait dans un proche avenir á des résultats
satisfaisants. C’était Lundeberg qui avait pris l’initiative de ce
communiqué, mais au cours des journées précédentes les négo-