Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Blaðsíða 63
LES NÉGOCIATIONS DE CARLSTAD
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ciations avaient á plusieurs reprises été sur le point d’étre inter-
rompues, — d’abord parce que dans la question des fortifications
les divisions étaient trés fortes, ensuite á cause des bruits sur un
rassemblement de troupes en Norvége. Le 18 septembre l’ordre
fut donné, d’un commun accord, dans les deux pays, qu’il n’y
aurait pas de troupes á moins de un kilométre de la frontiére et
que les troupes resteraient ou elles étaient sans approcher davan-
tage de la frontiére.
II va sans dire qu’en 1905 les autorités militaires norvégiennes
prirent certaines mesures de précaution, mais elles étaient trés
modestes, si on considére la gravité de la situation. La résolution
de la Norvége de rompre l’union était interprétée par beaucoup
de Suédois comme un manquement á une convention susceptible
de justifier une intervention militaire de la part de la Suéde. On
pensait en général dans les deux pays que si les négociations n’a-
boutissaient pas, la Suéde allait mobiliser et que la guerre serait
imminente. Le général suédois Tingsten, qui, en automne 1905,
etait ministre de la guerre, note dans ses « Mémoires » posthumes,
parus en 1938: « Si la Suéde et la Norvége n’avaient pas pu se
mettre d’accord, la Suéde était obligée de recourir aux armes,
sinon l’humiliation serait intolérable ». Et Lövland, ministre des
affaires étrangéres, déclara, le 7 octobre 1905, au Storting nor-
végien: « Nous quatre hommes de chaque pays qui étions réunis
lá-bas (á Carlstad), nous étions convaincus que si cette alternative
restait sans résultat, la prochaine serait la guerre ».
Une agression de la part de la Norvége était hors de question,
entre autres choses parce que la Norvége n’avait aucune pré-
tention á faire valoir en Suéde et qu’il n’y avait du cöté suédois
de la frontiére aucun objectif militaire important. Si la guerre
devait éclater, ce ne pouvait étre que par suite d’une agression
suédoise, d’une expédition punitive, si l’on veut. Les mesures de
précaution norvégiennes étaient d’abord trés limitées. Au cours
des conférences de Carlstad, notamment pendant la situation
tendue au milieu de septembre, elles furent plus importantes. En
Suéde, les journaux annon^aient de source officielle que la Nor-
vege mobilisait. Selon les sources authentiques norvégiennes, on
appela sous les drapeaux, le 13 septembre, quelques bataillons
d’Östland et de Tröndelag, outre la cavalerie et l’artillerie, de
sorte qu’il y eut au total sous les armes dans toute la Norvége,
au cours des journées suivantes, 16.000 hommes au maximum,
dont une minorité seulement prés de la frontiére. C’est lá le