Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1940, Page 126
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LE NORD
modifié par Yorganisation systématique du prét et de la location
des volumes.
Cette évolution est, bien entendu, extrémement heureuse et
les auteurs ne font rien non plus pour l’empécher, tout au con-
traire. Mais c’est un point de vue trés répandu parmi eux qu’il
est injuste que cette extension considérable de l’emploi de leurs
œuvres ne détermine pas un accroissement correspondant de leurs
bénéfices. En conséquence, les groupements nordiques de gens de
lettres ont mené une lutte acharnée, mais jusqu’ici sans résultat,
pour recevoir, sous une forme ou une autre, une rémunération de
l’utilisation de leurs œuvres par le public au moyen de préts ou
de locations. La législation existante ne leur donne aucun droit
á cet égard. Ils ont alors cherché á obtenir gain de cause en insé-
rant dans leurs livres une mention imprimée en interdisant le prét
ou la location, mais divers jugements et arréts, dont un tout ré-
cent de la Cour Supréme de Suéde, ont décidé que les acheteurs
d’ouvrages munis de cette interdiction n’étaient pas tenus, du seul
fait de cette clause, de s’y conformer.
Comme il a déjá été indiqué, le probléme comporte deux
aspects différents: la location et le prét.
La location se pratique dans une mesure toujours croissante, le
plus souvent organisée par les libraires. Du cöté des auteurs, on
tient á faire une distinction entre la forme élargie d’utilisation
des livres que représentent les « cercles de lecture » et la location
proprement dite. Dans le cercle de lecture ordinaire, un nombre
déterminé d’ouvrages circulent á travers un groupe limité de lec-
teurs, qui finalement les conservent en leur possession. Il en ré-
sulte donc une vente proprement dite des livres et les écrivains
considérent ce procédé comme avantageux pour eux á tous égards.
Dans le cas de la location, le libraire garde la propriété du volume
jusqu’á ce qu’il soit tout á fait inutilisable. Un livre peut étre loué
cent ou cent cinquante fois et la rémunération que regoit l’auteur
pour chaque lecture de son œuvre devient, en l’espéce, absolu-
ment infime. D’ailleurs, on trouve souvent des formes intermé-
diaires de ces deux procédés et les aspects les plus divers de sys-
témes compris entre ces cas extrémes apparaissent comme des
champignons. C’est ainsi qu’en Suéde, les librairies baptisées « bars
de livres » ont pris une trés grande extension.
En ce qui concerne le prét, il s’agit surtout des bibliothéques
publiques. Leur importance pour le développement de la culture
est bien entendu hors de toute discussion, mais on comprend,