Le Pourquoi pas - 2012, Page 20

Le Pourquoi pas - 2012, Page 20
Ĺ islandais ń est pas une langue si compliquée qu'il y pa- raît. Une fois que l ón connaît quelques mots, on les retrouve à peu près partout. Par exemple, le suffixe « vík » de Reykjavík signifie « baie » et est présent dans un grand nombre de noms de village le long de la côte. C ést le cas de Dalvík. Dalvík signifie: baie de la vallée. Et effectivement, la commune est magnifiquement encastrée au pied d úne montagne, au bord d úne baie, ouvrant l ácces à la vallée du Svarfaðardalur. Dalvík est un village récent. Par le passé, les habitants vi- vaient dans le Svarfaðadalur et étaient principalement fer- miers. Le tournant du siècle dernier a vu se développer le secteur de la pêche et explique la formation des villages le long des côtes. Dalvík est un village islandais typique. Tout le monde se connaît, tout le monde y est plus ou moins cousin. Les hommes prennent la mer, les femmes travaillent le poisson. Néanmoins, la ville est très moderne et dispose de toutes les commodités. Fait inimaginable pour un vil- lage de la même envergure en Europe. Deux maternelles, un terrain de foot, une superbe piscine locale. Dalvík est hors des circuits touristiques et représente la porte d éntrée du cercle po- laire. C ést un endoit idéal pour aller passer du temps dans la véritable Islande. Dans une Islande fière de son his- toire et de ses traditions. Ici, on observe d ún oeil inter- rogateur et amusé ceux qui viennent d áilleurs. Si on ń est pas du coin, impossible de se camoufler au sein de la popu- lation locale. On est grillé ! Et être d áilleurs ne signifie pas uniquement ne pas être Islandais, être d áilleurs ren- voie à tous ceux originaires d ún autre village que Dalvík. Le village entretient une riva- lité ancestrale avec son voisin, Ólafsfjörður. Arrêtez-vous un instant au port et observez les marins qui rentrent. Dans leur jeunesse, ils en venaient tous les week-ends aux mains avec les pêcheurs des autres com- munes. « On faisait cela pour le sport, pour garder la forme. On commencait à se battre à l´église et on terminait au port. Et la police faisait mieux de se tenir à l'écart, sinon on ś unissait contre elle ! », ra- conte Matthías, marin de 85 ans qui va en mer depuis l´âge de huit ans. Aujourd´hui, on ne peut plus ś amuser comme ça, sans que tout le monde brandisse la déclaration des droits de l´Homme ! ». Si vous passez par Dalvík, ne vous laissez pas aveugler par la froideur apparente des Islan- dais. La glace se brise autour d úne bière Kaldi, qui est brassée à quelques kilomètres d´ici à Árskógssandur. Allez sur l´île de Grímsey franchir le cercle polaire et observer les oiseaux. Prenez le temps de respirer, d óublier les soucis du quotidien, et laissez-vous ber- cer par la dolce vita dalvikoise. Par Lea Gestsdóttir Gayet Photo : Lea Gestsdóttir Gayet No20 Découverte Il est plus facile de visiter Fás- krúðsfjörður que de prononcer le nom du village. En bon fran- çais, Fáskrúðsfjörður se dit : faouskrouzfieurzur. La commune est charmante. La nature qui l éntoure époustou- flante. Les habitants sauvages et civilisés à la fois. On dit par- fois que Fáskrúðsfjörður est le plus francophone des villages d´Islande. Il est vrai que cette jolie commune œuvre à faire revivre la mémoire des marins français et belges qui venaient ici à l´époque des Pêcheurs d´Islande de Pierre Loti. Les noms des rues sont en islandais et en français. Le drapeau tri- colore flotte dans plusieurs en- droits de la ville. A la sortie du village, on peut garer sa voiture et descendre une petite pente afin d átteindre le cimetière des pêcheurs d´Islande qui conserve les dépouilles de qua- rante-neuf marins bretons et flamands. Le village est jumelé à la municipalité de Gravelines en France et les relations entre les deux pays sont cordiales. Les maires se rendent visite et beau- coup de choses sont mises en œuvres pour entretenir la mé- moire du passé. A une époque le fjörd de Fáskrúðsfjörður pullu- lait de français. Un hôpital y fut construit, aujourd´hui recon- verti en hôtel de luxe. Si on est chanceux, on peut grimper au grenier de l´école publique et fouiller dans les cartons recou- verts de poussière. Là, le glo- rieux passé des relations fran- co-islandaises éclate au grand jour: des livres des années 1880 sont conservés en parfait état. C ést un véritable trésor, qui, l´été, est exposé au musée fran- çais du village. Certains se demandent si les habitants du coin ont du sang français ou belge qui coule dans les veines... A ce sujet, les Islandais sobres sont avares en anecdotes ( retentez votre chance le soir au bar). Ces his- toires là appartiennent au passé et ń ont rien d ófficiel. Lais- sons cela de côté et attachons- nous aux faits : chaque été, on fête les pêcheurs d´Islande à Fáskrúðsfjörður lors du festival Franskir Dagar ( les journées françaises). On y mange bien, surtout au café Sumarlína. De- puis la fenêtre, on se laisse sub- merger par la nature magique et on repense à l´héritage plus ou moins glorieux laissé par les marins francophones. Par exemple, on raconte que le mot islandais peysa, qui signifie pull, vient du français paysan. On dit aussi que l´insulte islan- daise mella (fille facile) vient de l'abréviation française de ma- demoiselle (Melle). C ést aussi à Fáskrúðsfjörður qú est né le Pourquoi Pas! C ést un endroit génial, on vous dit... Par Lea Gestsdóttir Gayet Photo : Lea Gestsdóttir Gayet Fáskrúðsfjörður La vie est belle à Dalvík

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