Islande-France - 01.10.1948, Blaðsíða 19
ISLANDE - FRANCE
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Méditant sur le destin
des étres terrestres, —
espérant dans la souffrance,
je garde le souvenir
de ton sourire sublime
qui glorifie le sacre
du martyr, de la sainte.
0 astre lucide!
guide l’envol de nos réves
assoiffée de bonheur,
au dessus de la plaine humide,
la plaine humide des morts,
profonde, souveraine,
oú tu mires ton diadéme.
VEILLÉE BORÉALE
Enfermé dans l’apathie,
pendant que la neige tombe
ou que montent mollement
les ténébres et les brumes,
je m’adonne aux réveries,
doucement elle s’allume,
la lampe qui illumine
ma retraite aux catacombes.
Ges passages fugitifs,
ces heures de bréve allure,
comment donc les retenir?
C’est I’épouvantable étape,
lá ou tout espoir s’éteint,
oú toutc joie nous échappe
comme des páles fantómes
de souvenirs qui murmurent.
Dans la froide nuit profonde
ils murmurent la chanson
de la liuniére, - repousse,
ó verdure d’espérance!
Au bout de l’an descendu,
le soleil livide avance
pour s’épanouir vers le vague,
— vers l’apogée de sa ronde.
LE VOYAGE
De la cóte houleuse
au delá du sommeil,
souvent nous implorent,
d’une voix désespérée,
des étres inconnus.
Leurs flambeaux d’alarme
font appel aux sauveteurs
á travers les ténébres.
Sous les constellations
célestes,
apergois-tu, á la dérive
sur la mer miroitante,
les naufragés ensevelis?
Faisant voile, sans phare,
dans les réves orageux,
lu t’entends toi-méme
juger le but du voyagc.
Quand des ailes d’albatros,
tendues, larges, omineuses,
de leur souffle lourd
te poursuivent,
veilleur des nuits tardives:
Ta charge est précieuse,
si tu portes aux morts
— ces pauvres solitaires -—-
toute l’ardeur de ton coeur!