Islande-France - 01.10.1948, Blaðsíða 40
38
ISLANDE - FRANCE
traditionnelles, transmises de géné-
ration en génération depuis le com-
mencement de notre histoire: nous
admirons l’élégance du style, la
beauté de la forme, la souplesse de
l’expression et la vivacité des senti-
ments que la culture franQaise a
créés.
Notre grand Benediktsson a écrit
dans lc poémc qu’il intitule “la
Seine”.
“Ou un acier plus aigu a-t-il flam-
boyé ?
Oú une pcnsée plus ardente a-t-ellc
troLivc plus profonde expression
Qu’en ce lieu oú, de toute son
ame, le peuple
A forcé par les armes la nation
A se gouverner elle-méme?”
Deux mots surtout, caractérisent
l’histoire de France: gloire et victoi-
re; deux mots qui rendent témoig-
nage de la supériorité et du coiu'age
de l’áme frangaise, car sans supério-
rité on ne peut pas devenir glorieux et
sans courage on ne peut pas étrc
vainqueur. Mais nous savons aussi
que durant toute son histoire la
France a été le théátre de .combats
sanglants. Derniérement, pendant les
deLix derniéres guerres mondiales,
nous avons suivi avec un grand in-
térét et beaucoup de sympathie la
Iutte acharnée que le peuple frangais
a mené pour sa liberté et son indépen-
dance. De notre cóté, nous nous som-
mes efforcés de témoigner notre
compassion pour la misére et la souf-
france qui accompagnent toujours
une guerre, Une grande distance nous
sépare de la France et nous avons,
en outre, une difficulté considérable
á apprendre la belle langue dont un
histoi’ien a vanté la délicatesse en
disant “qu’il faudrait parler frangais
avec les dames” (“cum mulieribus
loquendum est gallice”). Du moins
nous est-il possible d’admirer la
culture fran^aise: plus d’une cen-
taine d’auteurs franyais ont été
traduits en islandais, et cent cin-
quante mots franyais, empruntés par
notre langue, nous servent quotidien-
nement dans la conversation. Sous
le mot “kurteisi” se cache notre
admiration pour les moeurs qui
régissent la société franyaise, et cela
nous rappelle le vieux proverbc:
“Qui dit frangois dit courtois”.
La grande capitale qu’est Paris
demeure pour nous toujours entourée
de splendeur et c’est, á nos yeux, le
siége des idées sublimes el géniales.
Je cite encore une strophe de Bene-
diktsson:
„La supréme cité du monde, sculptée
comme une saga, éléve les morts
au ciel;
Les statues se lévent, s’obscurcissent
et attirent notre esprit vers
I’éternité sans heures et sans
jours;
Tout est une mer puissante de
souvenirs, avec des ondes de
métal,
Un choeur silencieux commc le
tombeau;
Lá, le ch.eval de marbre léve sa
criniére, et la main morte, blan-
che comme la neige, hausse le
chapeau célébre,”