Gripla - 20.12.2018, Blaðsíða 125
125
mier terme.55 De surcroît l’emploi du verbe þreifa [palper, tâter] montre
sans conteste que cette kelda n’était pas une source d’eau vive, dans laquelle
l’épée aurait pu être aperçue immédiatement, mais que c’était une pièce
d’eau stagnante: le personnage appelé Án dut plonger la main dans cette
kelda pour chercher à tâtons si l’arme dérobée ne s’y trouvait pas, et ce fai-
sant il rencontra la poignée de l’épée,56 qu’il put alors saisir.
on observera que dans les manuscrits de la classe Z de la Laxdœla saga,
le récit de cet épisode est nettement différent, mais il y est fait également
mention d’une kelda dans laquelle fut retrouvée l’épée de Kjartan, et les en-
virons immédiats sont décrits à l’aide de deux adjectifs composés:57 skógóttr
[boisé] et keldóttr, dont le sens doit être «marécageux»; hapax legomenon, ce
dernier est une formation sur le thème du mot kelda.
Si le composé Sverðskelda n’a pas été conservé comme toponyme dans la
région située sur la rive Est du Hvammsfjörður, au sein de laquelle l’action
est censée se dérouler,58 il n’en est pas de même de trois autres composés
en -kelda qui sont mentionnés dans des sources littéraires du xiiie siècle:
Krumskelda, Andarkelda et Glæsiskelda.
Le premier d’entre eux est connu par l’Egils saga Skalla-Grímssonar,
œuvre dont la paternité est volontiers attribuée à Snorri Sturluson: au
chapitre lviii, l’auteur décrit les faits et gestes de Skalla-Grímr à la veille de
sa mort, en relatant que le père du héros prit la décision de faire dis paraître
le grand coffre (rempli de pièces d’argent) qu’il possédait et peut-être égale-
ment un chaudron en étain:59
55 La même équivalence entre kelda et fen est relevée, à une époque plus récente, dans la
rédaction de la Flateyjarbók (I 231), cf. l’Óláfs saga Tryggvasonar en mesta I, éd. ólafur Hall-
dórsson, Editiones arnamagnæanæ, Series a, I (København: Ejnar Munksgaard, 1958),
224; voir aussi infra la citation extraite du chapitre lxiii de l’Eyrbyggja saga.
56 Cela implique plausiblement que la pointe de la lame était fichée dans le fond boueux de la
kelda, cf. P. E. Kristian Kålund, Bidrag til en historisk-topografisk Beskrivelse af Island I. Syd- og
Vest-Fjærdingerne (København: Gyldendal, 1877), 476.
57 Laxdœla saga, éd. Kr. Kålund, StuaGnL 19 (København: s.n., 1889–1891), 175; Laxdœla
saga 1934, 141–142.
58 Sur les différentes tentatives de la localisation de la Sverðskelda, voir notamment Kålund,
Bidrag til en historisk-topografisk Beskrivelse, 476 et Árni Björnsson, Í Dali vestur, Árbók
ferðafélags Íslands (reykjavík: ferðafélag Íslands, 2011), 47.
59 Egils saga Skalla-Grímssonar, éd. Sigurður nordal, Íslenzk fornrit II (reykjavík: Hið ís-
lenzka fornritafélag, 1933), 174.
ÞEIr StEYPÐ u fIMM KonunGuM