Gripla - 20.12.2018, Síða 109
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la mobilisation des forces armées d’Óláfr Haraldsson, et il avait aussi an-
noncé que le roi de norvège avait envoyé des messagers pour demander la
main de la princesse Ingigerðr. À peine avait-il fini de parler que cet orateur
avait dû subir les accusations les plus acerbes de la part du roi de Suède, qui
avait catégoriquement repoussé toute idée d’accord avec Óláfr Haraldsson.
après cette intervention véhémente, le silence s’était fait, et ce fut à ce
moment-là que, selon le récit de Snorri Sturluson, Þorgnýr Þorgnýsson se
leva pour prendre la parole et prononcer son célèbre discours.
Construite en trois temps, la harangue que l’historien islandais a placée
dans la bouche du vénérable magistrat du tíundaland s’ouvre sur une cri-
tique incisive d’Óláfr Eiríksson, dont le comportement est comparé à celui
de ses trois prédécesseurs immédiats sur le trône de Suède: selon l’orateur,
les rois Eiríkr Emundarson, Bjǫrn Eiríksson et Eiríkr Bjarnarson inn
sigrsæli [le Victorieux] avaient été d’illustres guerriers, qui avaient agrandi
leur domaine en se livrant à des expéditions navales sur «la route de l’Est»,
mais aussi des souverains qui avaient gouverné le pays en acceptant de
prêter l’oreille aux conseils de leurs sujets ou, à tout le moins, des grands
du royaume. À l’inverse, le roi actuel est accusé par Þorgnýr d’avoir perdu,
pour cause «de faiblesse et de mollesse», les possessions qui étaient celles
des Suédois sur la rive orientale de la mer Baltique, et le magistrat reproche
à Óláfr Eiríksson de vouloir rompre avec la politique traditionnelle de la
Suède en prétendant imposer son autorité à la norvège, tout en se condui-
sant en despote, à tel point que nul n’ose lui adresser la parole…
Caractéristique de la figure rhétorique du «parallélisme antithétique»
que l’on relève fréquemment dans les discours et dans les dialogues de la
Heimskringla,3 cette diatribe est suivie de l’énoncé des exigences que le
magistrat Þorgnýr formule à l’encontre d’Óláfr Eiríksson, en se faisant le
porte-parole des paysans libres de Suède qui étaient réunis pour la séance
annuelle de l’assemblée d’upsal: le roi doit impérativement faire la paix
avec Óláfr Haraldsson et lui donner sa fille en mariage.
Puis vient l’énoncé de la menace que l’orateur lance sans détour à la
face du roi: si Óláfr Eiríksson veut reconquérir les territoires situés à l’est
de la Suède, il aura le soutien de tout un chacun, déclare le magistrat, mais
3 Hallvard Lie, Studier i Heimskringlas stil. Dialogene og talene, Skrifter utgitt av Det Norske
Videnskaps-akademi i oslo. II. Hist.-filos. Klasse 5 (oslo: Jacob Dybwad, 1937), 111,
120.
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