Gripla - 20.12.2018, Blaðsíða 111
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tous les rois des Suédois avaient agi, qu’ils avaient permis aux paysans de
décider avec eux de tout ce qu’ils voulaient».
Si elle fut d’une efficacité remarquable, la chute du discours de Þorgnýr
Þorgnýsson ne semble guère avoir retenu l’attention de la recherche histo-
rique et philologique, lors même que la formulation de la proposition Þeir
steypðu fimm konungum í eina keldu á Múlaþingi est riche d’enseignements.
aussi est-ce cette phrase qui sera examinée en priorité dans le cadre de la
présente contribution, en commençant par la mention des fimm konungar,
puis par celle du Múlaþing, avant de nous pencher sur l’emploi du mot
norrois kelda dans ce contexte et sur le type de supplice qu’il implique.
*
a) Les «cinq rois» (fimm konungar)
Comme l’avait bien observé Hallvard Lie le rappel par le magistrat Þorgnýr
du supplice que les ancêtres des paysans réunis à l’assemblée d’upsal
en 1018 avaient infligé à plusieurs de leurs rois crée une rupture avec le
tableau antithétique que l’orateur traça, dans un premier temps, entre le
comportement (fort critiquable) d’Óláfr Eiríksson et celui (digne de tous
les éloges) de ses prédécesseurs: dans le passé, la Suède avait connu égale-
ment de mauvais rois, «pleins de superbe» envers le peuple, comme l’était
le souverain actuel.8 La contradiction avec la première partie du discours
n’est cependant qu’apparente: elle s’explique au mieux, selon le même
chercheur,9 par la «tendance à créer des parallèles» qui est celle de Snorri
Sturluson dans nombre des discours de la Heimskringla, une tendance qui
vise à mettre en évidence des similitudes entre deux ou plusieurs person-
nages, par delà les différences qu’ils peuvent présenter.
Cette observation est pertinente, mais la question ne se pose pas moins
de savoir pour quelle raison l’auteur a fait évoquer par Þorgnýr un nombre
aussi important de mauvais rois que les Suédois auraient mis à mort par le
passé. Le rappel de l’exécution d’un seul despote n’aurait-il pas été suffisant
pour faire plier Óláfr Eiríksson? Dans quel dessein Snorri Sturluson a-t-il
donc choisi ce nombre élevé, qui soulève l’étonnement et qui vient encore
renforcer l’impression de rupture – si ce n’est de contradiction – avec la
diatribe initiale du magistrat?
8 Lie, Studier i Heimskringlas stil, 120.
9 Ibid., 120–121.
ÞEIr StEYPÐ u fIMM KonunGuM