Gripla - 20.12.2018, Page 114
GRIPLA114
de ce poème qui sont citées au chapitre lxxv de l’Óláfs saga ins helga,14 le
scalde mentionne explicitement la possession par Óláfr Haraldsson des
pays sur lesquels fimm bragningar (cinq rois) avaient régné auparavant.
Dès la reprise du récit des démarches qui furent accomplies en Suède
par les messagers du roi Óláfr Haraldsson afin rétablir la paix entre les
deux pays (chapitre lxxviii), le rappel de l’exploit qui venait d’être réalisé
par le roi de norvège – la capture de «cinq rois en une (seule) matinée»
(fimm konungar á einum morgni)15 – sert d’argument au duc rǫgnvaldr
lorsqu’il entreprend de convaincre la fille du roi des Suédois, Ingigerðr, des
qualités éminentes d’Óláfr Haraldsson et de l’excellent parti qu’il représen-
terait pour elle si ce mariage pouvait se faire.
avec la même insistance sur le contraste entre le nombre élevé de rois
qui furent alors capturés et l’espace de temps très limité pendant lequel
ce haut fait fut accompli, le syntagme fimm [konungar] á einum morgni
est à nouveau employé au chapitre lxxxiv (il est placé ici dans la bouche
d’Óláfr Haraldsson qui, devant ses proches, rappelle cette victoire, en se
flattant de ne l’avoir pas gâchée en mettant à mort ces cinq rois, qui lui
étaient apparentés),16 puis au chapitre lxxxix, au cours de la narration
d’un épisode haut en couleur, dans lequel l’art narratif de Snorri Sturluson
fait merveille, avec l’échange de répliques ciselées qu’il contient: alors qu’il
rentrait d’une partie de chasse qui s’était déroulée de bon matin et au cours
de laquelle ses autours avaient tué d’abord deux, puis trois coqs de bruyère,
le roi des Suédois rencontra sa fille et se flatta devant elle d’un tel butin, en
lui demandant:17
14 Snorri Sturluson, Heimskringla II, 107 – c’est la strophe xviii dans l’édition procurée par
Finnur Jónsson, Den norsk-islandske Skjaldedigtning. A. Tekst efter Håndskrifterne I; B. Rettet
tekst (med tolkning) I (København & Kristiania, Gyldendalske Boghandel & nordisk forlag,
1912), a, I 295, cf. B, I, 272, ou la strophe xix dans l’édition établie par Matthew townend
(Óttarr svarti. „Hǫfuðlausn,“ Poetry from the Kings’ Sagas 1, Part 2, dir. Diana Whaley,
Skaldic Poetry of the Scandinavian Middle ages I 2 (turnhout: Brepols, 2012), 765.
15 Snorri Sturluson, Heimskringla II, 112.
16 Ibid., 125. – Óláfr Haraldsson se trouve alors devant le dilemme de faire tuer ou non l’un
d’entre eux, Hœrekr, qu’il a gardé auprès de lui, après l’avoir fait aveugler des deux yeux,
et qui a tenté de le poignarder. rappelons qu’Óláfr fit couper la langue d’un autre roi
(Guðrøðr), et que les trois autres rois furent condamnés à l’exil.
17 Ibid., 132 – la traduction française est extraite de Snorri Sturluson. Histoire du roi Olaf le
Saint (Histoire des rois de Norvège II), trad. françois-Xavier Dillmann (Paris: Gallimard (en
cours d’édition)).