Gripla - 20.12.2018, Qupperneq 121
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piter qqn. [la tête la première] dans qqc.],38 mais aussi l’intention du récit:
dans un cas, l’eau de la kelda est considérée comme bienfaisante, miracu-
leuse par l’effet du contact antérieur avec le corps d’olaf (c’est la toute pre-
mière attestation d’une Olavskjelda, d’une source sacrée portant le nom du
saint patron de la norvège39), dans l’autre, la kelda de l’assemblée de Mora
était un lieu de supplice à l’époque préchrétienne: les rois condamnés qui
y étaient précipités étaient voués à une mort certaine.
observons en outre que, dans le passage du chapitre clxxix qui vient
d’être cité, Snorri Sturluson suivit de très près le récit qu’avait donné de cet
épisode son prédécesseur immédiat (Styrmir inn fróði), lequel a dû recopier
sans grand changement le texte que lui fournissait la tradition hagiographi-
que, comme le montre à l’évidence la comparaison avec le récit du même
épisode au chapitre lxvii de l’Histoire légendaire de saint Olaf:40
Kællda æin er þar oc i nær hællinum, oc þuo konongrenn ser þar. En
er bufe manna værðr siukt i dalenom oc drekr þat af þui vatneno, þa
batnar þui þegar þæirrar suttar.
[Es gab in der nähe der Höhle eine Quelle und der König wusch
sich dort. Wenn das Hausvieh der Leute im tal krank wird und von
diesem Wasser trinkt, wird es sofort gesund.]
À la différence d’un épisode narratif tel que celui de la source miraculeuse
de saint olaf, pour la formulation duquel Snorri Sturluson était, dans
une large mesure, lié par le texte de ses prédécesseurs, l’auteur disposait
d’une grande liberté pour la rédaction des discours et des répliques qu’il
souhaitait placer dans la bouche de ses protagonistes. Il convient dès lors
de se demander si, dans la harangue qu’il attribua au magistrat Þorgnýr au
chapitre au chapitre lxxx de l’Óláfs saga ins helga, Snorri Sturluson n’a pas
pris le mot kelda dans un sens différent de celui qu’il possède au chapitre
clxxix de la même œuvre, dans un sens qui réflèterait l’emploi usuel de
ce terme dans le milieu qui était celui de l’historien islandais au cours de la
première moitié du xiiie siècle.
38 Fritzner, Ordbog over Det gamle norske Sprog, III 542, sens 2: styrte paa Hovedet, m. Dat.
39 olav Bø, Heilag-Olav i norsk folketradisjon (oslo: Det norske samlaget, 1955), 111–144.
40 Olafs saga hins helga. Die “Legendarische Saga” über Olaf den Heiligen (Hs. Delagard. saml.
nr. 8II), éd. et trad. anne Heinrichs, Doris Janshen, Elke radicke, Hartmut röhn, Ger-
manische Bibliothek 4. r. (Heidelberg: Winter, 1982), 162–163.
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