Jökull - 01.12.1958, Síða 13
d’accumulation du matériel qui donne naissance
aux premiers est plus efficace que les divers
procédés auxquels on attribue fa concentration
des poussiéres qui fait apparaítre les seconds.
En outre, la disposition des cónes sur glace
étant fiée á l’écoulement des eaux de fonte á
la surface des glaciers et cet écoulement étant
influencé par le réseau des fissures on con^oit
la disposition en files paralléles et parfois or-
thogonales de ces monticules (Bout, 1956).
En somme nous avons le schéma suivant:
a) Cönes sur neige: matériel d’apport éolien
de la méme année que les cónes, soumis á de
faibles processus de concentration —> ablation
différencielle —> cónes de petite taille disposés
densément en aires extensives.
b) Cónes sur glaciers: matériel d’apport
■ éolien surtout ancien, inclus dans la glace,
clégagé par l’ablation, repris par les eaux de
fonte, déposé en levées en bordure des fissures
élargies par la fonte -> ablation différencielle
—> cónes de poussiéres assez élevés et disposés
en files dont certaines sont grossiérement paral-
léles á la pente du glacier et les autres per-
pendiculaires.
II s’agit lá de cas volontairement choisis pour
leur opposition et que nous croyons typiques
car d’occurence assez générale. Les exceptions
ne manquent point cependant. Nous en avons
rapportées d’assez nombreuses dans notre étude
de 1956. Le matériel lithique qui détermine
l’apparition des cónes sur les glaciers peut pro-
venir, par extrusion, de la moraine de fond
(W. V. Lewis, 1940). II doit étre alors trés hétéro-
métrique. II a pu étre accumulé au préalable
dans une crevasse (Lewis). II a pu étre déposé
par les eaux de fusion dans de légéres dépres-
sions de la surface du glacier (Streiff Becker,
1954). Des courants de neige á demi-fondue ont
pu empiéter sur les bords latéraux d’un glacier
en y entrainant un mélange de boue et de
pierres (Lewis). Pour les cónes sur neige, des
eaux de fonte sous-névéennes ont pu crever
leur toit et se faire jour á la surface par un
orifice, á l’aval duquel le cailloutis déposé a
provoqué l’apparition des monticules (Bout).
Des dépöts limoneux sableux sous-névéens peu-
vent, aprés disparition de la neige, modeler en
cónes le plancher de glace d’un névé (Bout).
Le matériel peut avoir été déposé par des
courants aqueux exogénes qui ont traversé les
Fig 2.
Cónes sur glace
á la lisiére Eest
de 1’HofsjökulI.
Photo P. Bout.
névés (Lewis). Avec P. Ch. Péguy nous avons
fait en 1956, dans l’Est islandais, une observa-
tion analogue á cette derniére.
A 7,5 km á vol d’oiseau au Sud-Est d’Egils-
staðir, s’éléve le sommet 949 sur le versant droit
de l’Eyvindarárdalur. Sur cette pente exposée
á l’Ouest Nord-Ouest et á partir de 700 m
d’altitude, persistaient á la fin aoút d’assez
nombreux et amples névés á la faveur du relief
en marches d’escalier que détermine sur cette
déclivité l’affleurement par la tranche de nom-
breuses coulées basaltiques. Un peu en contre-
bas du sommet, un champ de neige s’étalait sur
300 m de long et 200 m de large. La pente de
sa surface atteignait 18°. Sur une langue plus
étroite qui prologeait le névé vers le Sud, on
pouvait compter six rigoles paralléles á la pente.
Elles étaient larges de 0,20 á 0,30 m et pro-
fondes d’autant mais vides d’eau et leur fond
se maintenait dans la neige. En bordure, se
dressaient de petits cónes de poussiéres de 0,20
á 0,40 m de haut. Ici la disposition en files des
cónes sur neige rappelait celle des cónes des
glaciers hormis l’absence de rangées transvers-
ales. Le matériel provenait du terrain découvert
situé á l’amont de la langue neigeuse.
II est évident qu’avec ses fortes dimensions
de la fin aout 1956, le névé en question ne
pouvait disparaitre avant le début de l’hiver
1957. Sans doute avait-il atteint les hivers pré-
cédents dans les mémes conditions de persist-
ance. II s’agissait au total d’un névé permanent.
A quelque profondeur, la neige des années an-
térieures, plus dense, devait empécher les eaux
de fusion apparues en surface de s’infiltrer,
exactement comme l’aurait fait la glace d’un
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