Jökull - 01.12.1958, Blaðsíða 12
PIERRE BOUT:
Cönes de poussiéres sur neige
et sur glace en islande
Nous avons publié en 1956 une étude sur les
cónes de poussiéres ou „dirt-cones“ des glaciers
islandais. Quelques faits concernant les cónes
de poussiéres sur neige y sont consignés. Quel-
ques observations nouvelles nous engagent á
revenir sur le sujet.
Le Dr. Martin Schwarzbach, Professor á In-
stitut géologique de Cologne, nous a aimable-
ment fait parvenir la photographie ci-contre
(photo 1) en nous signalant qu’elle concerne
des cónes sur neige observés par lui le 27 juillet
1954 sur les pentes nord-ouest de l’Hekla. La
hauteur des monticules est d’environ 10 centi-
métres. Ils occupent une grande surface.
Une photo de C. W. M. Swithinbank publiée
par Charlesworth (1957) représente des cónes de
poussiéres supportés par la neige recouvrant la
moraine terminale du Kverkfjöll sur la lisiére
nord du Vatnajökull. Elle montre le méme ré-
partition extensive de ces monticules qui ici
atteignent de quelques centimétres á 1 m de
haut (Swithinbank, 1950).
Cette disposition par plages étendues, au sein
desquelles les monticules sont densément distri-
bués et ou l’on ne note aucune direction
privilégiée, parait assez typique des cónes de
Fig. 1. Cónes de poussiéres sur neige ncird-ouest
de l’Hekla. — Photo M. Schwarzbach.
poussiéres sur neige ceux des glaciers se grou-
pant le plus souvent en files qui cótoient des
bédiéres ou ruisseaux de fonte. Or ceux-ci s’in-
stallent fréquemment sur des fissures qui s’of-
frent en réseau orthogonal au bord des larges
calottes glaciaires islandaises d’ou des files de
cónes qui se recoupent quelquefois á angle
droit, comme nous l’avons observé en 1954 avec
l’Expédition Péguv á la lisiére Eest de l’Hofs-
jökull un peu au Sud du Klakkur (photo 2).
Cette différence dans la répartition des cónes
de poussiéres á la surface des champs de neige
et des glaciers tient á des modalités différentes
de genése.
Sur les champs de neige, le vent étale en
nappes minces et étendues les poussiéres vol-
caniques ou limoneuses. L’inégalité originelle
de la surface de la neige (Swithinbank), la dis-
position en ripple-marks des poussiéres (Speth-
mann, 1908), la contraction de la neige1) sous
le revétement lithique (Warren Wilson, 1953)
établissent des différences d’épaisseur dans la
mince nappe de sables ou de limon, y créent
des centres locaux d’accumulation qui dans la
suite, en retardant la fusion de la neige sous-
jacente, déterminent l’apparition de cónes
nombreux en ordre dispersé.
Le matériel qui recouvre les cónes des glaciers
a été lui aussi apporté par le vent mais dans
la suite il a été incorporé dans la glace. C’est
dans l’épaisseur méme du glacier que nous l’a-
vons observé au Langjökull en 1950 et á l’Hofs-
jökull en 1954. Dégagés lors de la fusion, les
cendres volcaniques et les limons sont repris
par les eaux de fonte et déposés sur les rives
des bédiéres par le méme processus qui entraine
la formation des levées alluviales sur les berges
de certains cours d’eau de plaine. Sous le liseré
sablonneux ou limoneux ainsi accumulé, pren-
nent ensuite naissance des files de cónes dont
la hauteur moyenne est comprise entre 1 et 2
m. II est normal que les cónes de poussiéres
des glaciers soient généralement plus élevés que
les cónes de poussiéres sur neige car le processus
1) A notre sens, les poussiéres se resserrent en ilöts non
parce que la neige qui les supporte se contracte mais parce
que la chaleur qui rayonne des grains fait fondre la neige
qui les sépare. La mince pellicule d’eau qui entoure chaque
particule aidant, les grains se rapprochent et deviennent
contigus. Les légéres dénivelations orginelles de la neige
doivent faciliter le processus.
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