Milli mála - 01.01.2013, Blaðsíða 261
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E sus le hel pure cure a destre. en haut, la barre pour courir à droite.
Pur le vent es trés acuillir Afin de recueillir le vent dans les voiles,
Funt les lispriez avant tenir ils établissent à l’avant les perches de bordure,
E bien fermer es raelinges. en les affermissant bien dans les ralingues.
Tels i ad traient les gurdinges, Certains tirent sur les cargues-fonds
E alquant abaissent le tref et abaissent un peu la vergue
Pur la nef curre plus süef. pour laisser courir le navire plus doucement.
Estuïns ferment e escotes Ils raidissent les bras et les écoutes,
E funt tendre les cordes tutes, puis font tendre tous les cordages,
Uitages laschent, trés avalent, relâchent les itagues, abaissent les vergues ;
Boëlines sachent e halent, ils tirent et halent les boulines.
Al vent guardent e as esteilles, Ils observent le vent et les étoiles,
Sulunc l’uré portent lur veilles ; et disposent leurs voiles selon la brise :
Les braiols funt lacier al mast ils enlacent les cargues au mât,
Que li venz par desuz ne past. pour que le vent ne passe pas en dessous.
A dous ris curent u a treis. Ils courent à deux ou trois ris.
Éd. J. Weiss. Trad. É. Ridel.
Un autre passage, plus bref mais tout aussi technique, apparaît dans
le Roman de Rou. Seconde œuvre majeure de Wace, commencée vers
1160 et inachevée vers 1170, le Roman de Rou fut vraisemblable-
ment commandé par le roi Henri II. Il retrace l’histoire des ducs de
Normandie depuis l’arrivée des Vikings en Neustrie et la fondation
du duché de Normandie jusqu’au début du règne d’Henri Ier. Il
constitue une source précieuse pour l’histoire de la conquête de
l’Angleterre en 1066. Le duc de Normandie et roi d’Angleterre
Guillaume le Roux, fils de Guillaume le Conquérant, se prépare à
embarquer. Il s’agit à nouveau d’une scène d’appareillage, où
l’auteur a su concentrer les actions en peu de phrases, ce qui donne
un rythme extrêmement rapide à la scène (vers 9849 à 9858) :
en l’esnege l’ont fait porter [Les marins] font porter [le roi] dans l’esnèque,
e cil od lui qu’il volt mener, ainsi que ceux qu’il voulait emmener avec lui.
batels e anchres ont enz traiz, Ils tirent les bateaux et les ancres à bord.
la gent firent seeir en paiz, Ils font asseoir les gens dans le calme
atornee ont al vent la nef, et tournent le navire au vent.
hobens ferment, windent le tref ; Ils rident les haubans et hissent la vergue.
ÉLISABETH RIDEL