Milli mála - 01.01.2013, Side 263
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E unt bon vent ki tost les port. Un bon vent les emporte vivement.
Tute noit current a la lune Ils courent toute la nuit guidés par la lune,
Le tref windé trés k’a la hune : la vergue hissée jusqu’à la hune :
Ne lur estut muver funain ils n’ont pas touché aux cordages
Trestute nuit ne lendemain. de toute la nuit ni du lendemain.
Éd. G. Paris et A. Bos. Trad. É. Ridel.
3.3. Denis Piramus
Les textes suivants sont assez brefs, mais on y retrouve le même
vocabulaire technique que dans les autres. Il s’agit de deux extraits
de la Vie de seint Edmund le rei (vers 1375 à 1386 et vers 1449 à
1458) :
Chescun mariner de l’esneke Chaque marin de l’esnèque
Forment le sigle deshaneke, déroule vigoureusement la voile.
Lur hobens estreinent vers destre, Ils rident leurs haubans à droite,
Hors lancent lur lof vers senestre, lancent leur lof à gauche.
La veile treient jesqu’a la hune Ils hissent la voile jusqu’au sommet du mât
E al vent la firent comune. et la livrent tout entière au vent ;
La boëline halent al vent, ils halent la bouline vers le vent,
Ke l’oré recoilt e supprent. Pour en recevoir et saisir le souffle.
[…] […]
Un vent surst devers miedi, Un vent du sud se lève,
Bien aspre, ki les acoilli, bien vif, qui les saisit,
Ki en la veile treient et en lur tref alors qu’ils sont en train de tirer sur la voile, et qui,
Fiert, si enpeint avant la nief. soufflant sur la vergue, propulse le navire en avant.
Les mariners en sunt mult lié ; Les marins en sont tout heureux :
Lur lof unt enz mult tost lancié, aussitôt ils lancent leur lof,
E alaschent lur boëlines, lâchent leurs boulines
E estreinent lur holgurdines. et raidissent leurs cargues.
Aspre est le vent, li sigle legier, Le vent est vif, la voile légère ;
Unc ne les covint haneker. à aucun moment il ne faut la ferler.
Éd. H. Kjellman. Trad. É. Ridel.
ÉLISABETH RIDEL