Milli mála - 01.01.2013, Page 266
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b. Termes nautiques usuels ou connus :
– le gréement : ancre, guvernal (gouvernail), mast (mât), sigle
(voile), veile (voile).
– la navigation : guverner (diriger), sigler (faire voile).
c. Termes nautiques techniques (surtout employés par les marins) :
– le gréement : bagordinge (cargue), betas (tangon), boeline (bou-
line), braiol (cargue), bras, escote (écoute), estai (étai), estren
(cordage de l’ancre), estuïn (bras), greie (gréement), gurdinge
(cargue-fond), hel (barre du gouvernail), hoben (hauban), hol-
gurdine (cargue), hune (sommet du mât), lispreu (perche), lof,
nodras (extrémités de la vergue), raelinge (ralingue), ris, scola-
ringe (collier de mât), tref (vergue), uitage (itague), verge (ver-
gue), verne (vergue), windas (guindeau), wirewire (girouette).
– les manœuvres à bord : agreier (gréer), eschiper (armer, appa-
reiller), haler, winder (guinder).
– la navigation : rider (voguer, louvoyer), wacrer (rouler).
À la lecture de cette classification, on s’aperçoit que la technicité du
vocabulaire nautique n’était pas encore bien fixée. Pour décrire
diverses manœuvres de cordages, les auteurs employaient des verbes
issus de la langue courante tels que fermer (affermir), tendre, haneker
(harnacher), lacier (enlacer), estreindre (serrer) ou estricher (resserer,
diminuer), qui seront bien plus tard remplacés par d’autres plus
spécifiquement utilisés par les marins : on n’affermit plus les
haubans, on les ride ; on raidit les cordages plutôt qu’on ne les tend
ou qu’on ne les serre ; on ne harnache ou désharnache plus une voile
(opération qui est maintenant réservée au cheval), on la ferle12. De
même que les marins n’utilisent le terme de corde que pour la seule
corde qui existe à bord des navires, celle de la cloche, lui préférant
celui de cordage pour désigner l’ensemble des filins textiles servant à
la manœuvre ou à l’amarrage d’un bateau ; de même que senestre
(gauche) et destre (droite) seront remplacés au xve siècle par les ter-
12 Rider est mentionné au xiie siècle avec le sens de ‘plisser, froncer (en parlant d’une chemise)’, il est
attesté comme terme de marine au xvie siècle avec le sens spécifique de ‘tendre une manœuvre
dormante à l’aide de ridoirs ou de caps-de-mouton’ ; raidir signifie précisément dans un contexte
nautique ‘reprendre le mou d’une manœuvre dormante’ ; ferler (d’origine obscure) est attesté en
1553 (TLFi).
DES TEXTES DE MARINE EN DIALECTE NORMAND DU XII e SIèCLE