Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Blaðsíða 139
VOYAGE SCANDINAVE
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dotte ». L’on voit par lá que son programme était vaste; malgré
la rapidité du voyage, il semble avoir pu le realiser.
Ampére s’intéresse tout d’abord á l’aspect méme du pays scan-
dinave et constate que « l’uniformité dans la grandeur est le
caractére dominant de la nature du nord ».°) La grandeur est
bien ce qui distingue ces pays d’autres régions montagneuses
comme la Suisse; mais il regrette de ne pas trouver dans ce décor
majestueux un sommet aussi imposant que celui du Mont-Blanc
qui, dans ce Nord « aux grandes foréts, aux grands lacs, aux longs
fleuves, aux masses de rochers » couronnerait parfaitement cette
symphonie de grandeurs. Plusieurs fois il revient* 7) sur la lumiére
caractéristique du Nord; il s’étonne de la netteté avec laquelle les
objets se détachent dans cette lueur si vague et il ajoute: « Ce jour
mystérieux semble le véritable jour du Nord, il adoucit les formes
aigués, il reléve les formes insignifiantes et il répand sur toutes
une sorte d’incertitude qui sied merveilleusement au caractére de
la nature septentrionale ».8) A Trondheim, au 19 Aout, ce visi-
teur habitué jusqu’alors aux lumiéres tranchées de l’Italie, n’avait
pu s’empécher d’admirer qu’il put faire si clair pendant la nuit
et il estime que le soleil est mal á sa place dans le décor nordique.
Cette grandeur des horizons et la lumiére voilée qui les nimbe lui
donnent une impression de mélancolie qu’il généralise aussitót;
« La tristesse est le véritable caractére du Nord, on l’y retrouve
partout: dans le silence et la grandeur de la nature, dans le morne
regard de l’homme, dans sa démarche lente et son chant plaintif,
dans les brumes de la mer, dans les longues nuits et les longs cré-
puscules ».9)
Au cours de son voyage aller notre ami jette d’abord un re-
gard sur Rugen, « échantillon et poste avancé de la Scandinavie ».
II s’arréte á Copenhague le temps de visiter la bibliothéque et
de discourir sous les hétres du parc avec P. E. Muller. Visite trop
rapide et conclusion un peu hátive: le Danemark lui apparaít
comme le moins scandinave des trois pays; il ne s’y intéresse pas:
« Ce qui fait le caractére de Copenhague, c’est précisément l’ab-
sence d’un caractére determiné ».10)
G) Ibidem, page 33.
7) Ibidem, pages 35 et 53.
8) Ibidem, page 53.
B) Ibidem, page 39. — Ampére évoque ici cette fameuse « ligne sombre »
si remarquablement tracée par Br. Björnson.
10) Ibidem, page 13.