Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Blaðsíða 188
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LE NORD
exceptionnellement sévéres quant á la forme, qui pour lui consti-
tue un aspect essentiel du fond, ont causé dans plusieurs cas des
retards importants. Bohr entreprit alors son deuxiéme ouvrage
principal, l’explication du systéme périodique des éléments chimi-
ques, paru pour la premiére fois en 1921 dans la revue Fysisk
Tidsskrift. La théorie adoptée jusque-lá sur la structure de l’atome
rendait suffisamment compte d’un aspect essentiel du comporte-
ment de l’atome, á savoir la part qu’il prend aux processus de
radiation, mais le but d’une théorie de la structure et du com-
portement de l’atome devait étre de parvenir aussi á expliquer
les propriétés chimiques des corps simples. Bohr avait déjá abordé
le probléme dans son travail de 1913 et indiqué des possibilités
importantes, établissant entre autres une hypothése sur la structure
de la molécule d’hydrogéne, composée de deux atomes d’hydro-
géne, schéma qu’il devait pourtant abandonner par la suite; il
s’était fait aussi des idées provisoires sur la structure d’autres
atomes. Maintenant le grand savant s’attaqua pour de bon á ce
cóté de la théorie dans le but d’expliquer le systéme périodique
des corps simples, c’est-á-dire de comprendre comment l’ordre
des orbites des électrons dépend du numéro atomique et par lá
quels sont les rapports des propriétés chimiques de l’atome avec
son numéro ou place dans le systéme périodique. Toutes les pro-
priétés physiques et chimiques de l’atome, á l’exception de ses
propriétés nucléaires, doivent étre déterminées par des nombres
entiers qui indiquent son numéro, de sorte que la différence entre
l’oxygéne et l’or, par exemple, est conditionnée par la seule diffé-
rence des chiffres 8 et 79. En substance, Bohr réussit aussi ces
recherches en étudiant comment un atome normal, électriquement
neutre, peut étre formé par le noyau nu, qui absorbe ou lie suc-
cessivement les différents électrons. Obligé encore, bien entendu,
de se baser á bien des égards sur les données de la chimie et de la
physique expérimentales, il appliquait aussi constamment le prin-
cipe de correspondance. Un beau résultat accessoire de ce travail
fut la découverte du nouveau corps simple n° 72, nommé Hafnium
du nom du lieu de découverte. Un chimiste fran§ais, Urbain,
spécialiste des terres dites rares, c’est-á-dire un groupe de corps
simples qui, présentant des propriétés chimiques trés voisines, sont
extrémement difficiles á distinguer, pensait avoir trouvé lui aussi,
par la spectroscopie, ce corps, qui serait une terre rare, et il l’avait
nommé celtium. La théorie de Bohr, qui expliquait la grande res-
semblance des terres rares, montra maintenant que le n° 72 ne
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