Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Blaðsíða 184
1/2
LE NORD
plétement ce probléme, mais il ne publia pas ses résultats parce
que la question n’était pour lui qu’un élément du vaste ensemble
de travaux sur la structure des atomes et des molécules que lui
avait suggérés le nouveau modéle. De retour á Copenhague, il fit
des cours comme privatdocent, tout en continuant ses recherches,
qui, lorsqu’il aborda aussi, au cours de l’hiver 1912—13, le pro-
bléme de l’explication des spectres des atomes, amenérent la percée
décisive. Les trois mémoires On the Constitution of Atoms and
Molecules, parus dans le Philosophical Magazine, juillet—novem-
bre 1913, garderont toujours leur place parmi ceux qui ont fait
époque dans l’histoire de la physique. La physique se trouvait
á cette date devant un curieux dilemme lorsqu’elle avait á traiter
du probléme des rapports de la structure des atomes et des pro-
priétés physiques et chimiques des matiéres, en particulier le
rayonnement atomique qui se manifeste dans les spectres de cha-
que corps. La physique classique — la mécanique de Newton,
l’électro-dynamique de Faraday-Maxwell et la théorie électro-
nique de Lorentz — avait expliqué si parfaitement un trés vaste
domaine des connaissances physiques qu’il était difficile d’y re-
noncer, mais elle était inconciliable avec le schéma de Ruther-
ford, qui, lui, se basait sur des faits expérimentaux irréfutables.
D’aprés la physique classique un atome ainsi constitué ne pouvait
pas méme étre stable, puisque un électron qui circule rayonne
sans cesse de l’énergie, et que son spectre serait continu et non
un spectre de raies, comme le sont les spectres des atomes. Ajou-
tons que les lois empiriques relatives á la position des raies spec-
trales, dans la mesure ou on les connaissait, étaient toutes dif-
férentes de celles qu’établissait la physique classique. Or, á cette
date, Planck avait déjá rompu définitivement avec la physique
classique en introduisant l’hypothése des quanta pour expliquer
la répartition entre les différentes longueurs d’ondes du rayonne-
ment des corps incandescents. D’aprés Planck l’énergie rayon-
nante n’est absorbée et émise qu’en quanta finis fixes d’une
grandeur déterminée par une constante universelle « h » (la
constante de Planck), multipliée par la fréquence de la radiation
émise. Planck se faisait encore fort d’accorder son hypothése
avec la physique classique, mais beaucoup de savants se rendaient
compte, surtout aprés que la théorie eut été traitée par Einstein,
que cette conciliation était irréalisable. Dans cette confusion, Bohr
introduisit d’un coup de l’ordre et de la clarté par ses deux
postulats célébres, qui scellent définitivement la rupture avec la