Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Blaðsíða 190
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LE NORD
sique classique aux états stationnaires. Ce progrés était du au
théoricien allemand Heisenberg, qui, lorsque Kramers fut nommé
professeur a Utrecht, était devenu assistant et lecteur a l’Institut,
jusqu’á ce qu’il fut appelé comme professeur á Leipzig quelques
années plus tard. II fut remplacé par le physicien suédois O. Klein,
nommé plus tard professeur á Stockholm. La chaire de lecteur
resta alors vacante pendant quelque temps, mais fut occupée en-
suite par un des premiers éléves danois de Bohr, le Dr Christian
Mœller, nommé récemment maítre de conférences.
Les travaux personnels de Bohr pendant les années suivantes
portaient surtout sur les problémes moitié physiques, moitié philo-
sophiques, qui s’étaient posés avec de plus en plus de force. En
effet, il s’était montré d’une part que certains phénoménes doivent
s’expliquer par la théorie des quanta extrémes, de sorte qu’il est
aussi essentiel pour la lumiére de se comporter comme les parti-
cules que de manifester des propriétés ondulaires; d’autre part,
on avait constaté que des particules de matiére présentent parfois
certaines propriétés ondulaires. Une intéressante tentative anté-
rieure de Bohr (en collaboration avec Kramers et l’Américain
Slater en 1924) pour résoudre les difficultés en renon$ant á la
loi de l’énergie pour les processus atomiques isolés, et en ne la
gardant que comme une régle statistique, devait étre abandonnée
lorsqu’une expérience spéciale (Bothe et Geiger) montra que
l’hypothése ne s’accordait pas avec les faits. Bohr prouva main-
tenant (en 1928) que l’opposition entre la théorie des ondes et
celle des particules n’était qu’apparente. La théorie des ondes
décrit les possibilités entre lesquelles un quantum de lumiére et
une particule (par exemple un électron) peuvent « choisir »; un
quantum isolé ou une particule isolée choisissent une possibilité
déterminée, et les lois de la théorie des ondes se présentent par
conséquent comme les résultats statistiques de la conduite d’un
grand nombre de quanta ou de particules. Ce fait se rattache
étroitement á cet autre que l’explication causale de la nature est
insuffisante pour la conduite de l’« individu » (quantum ou parti-
cule), puisqu’il n’est pas possible par principe de déterminer un
individu avec assez de précision pour pouvoir prédire l’avenir.
Cela s’explique par le fait que toute observation d’un de ces indi-
vidus demande une intervention du méme ordre de grandeur que
l’individu qu’il faut observer, ce qui modifie radicalement l’avenir
de cet individu. Par exemple, pour déterminer la place d’un élec-
tron, il faut lancer sur lui un quantum de lumiére, et ce quantum