Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Blaðsíða 319
LES LAPONS
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dans les si jolies ornementations — admettons qu’á l’origine elles
n’aient peut-étre pas été de style strictement lapon — dont ils
décorent les gaines de couteaux et d’autres instruments. A ce
sujet, il convient de mettre en garde contre les objets qui, sur le
marché, sont mis en vente sous le nom d’ouvrages manuels lapons.
Ces objets souvent n’ont pas été faits par des Lapons et, méme
s’ils le sont, ils se différencient radicalement, aussi bien par leur
aspect que par leur valeur esthétique, de ceux que les Lapons
ont l’habitude de fabriquer pour eux-mémes.
On peut se rendre compte du niveau auquel sont arrivés les
dessinateurs lapons en examinant l’ouvrage illustré « Same sita »
(Le camp lapon), publié en 1938 par le Lapon Nils Nilsson
Skum, ouvrage dans lequel tout le cycle annuel de l’élevage du
renne est décrit en une centaine de dessins, en partie colorés,
accompagnés d’un texte détaillé, composé par l’artiste lui-méme.
Un certain nombre de ces planches ont une valeur artistique
indiscutable. Dans ces dessins, on ne trouve rien d’autre que la
stricte observation de la nature; on est frappé avant tout par la
maniére dont l’artiste a compris et rendu le troupeau de rennes
comme une unité organique. Le sens de la perspective ne fait pas
défaut á Skum et, dans ses meilleures œuvres, il a réussi á saisir
les lumiéres spéciales des paysages subarctiques. Skum n’a jamais
re^u de le^ons de dessin.
Dans la littérature mondiale, les Lapons ont des aieux á peu
prés aussi anciens que les Danois et les Suédois, si l’on fait rentrer
dans la littérature, comme il se doit, la poésie populaire anonyme.
Schefferus publia dans « Lapponia » deux poémes lyriques rap-
portés et traduits par le pasteur Olov Sirma, originaire du district
de Kemi, en Laponie. Il n’y a pas lieu de croire que Sirma soit lui-
méme l’auteur de ces poémes. Ils sont le produit typique d’une
poésie populaire laponne déjá florissante autrefois. Ils ont le mé-
rite qui caractérise le lyrisme populaire lapon de nos jours: une
observation sure de la nature et l’expression fidéle de primitifs
sentiments humains. Portés á la connaissance du monde par le
célébre ouvrage de Schefferus, ils furent bientót l’objet d’un vif
intérét et ils ont été imités dans plusieurs langues. Mais c’est peut-
étre leur parution dans la collection de Herder « Stimmen der
Völker in Liedern » qui leur a donné la plus grande expansion. On
a cru pouvoir relever la trace de leur influence chez Goethe. Long-
fellow les fit connaítre en Amérique. Ils revinrent enfin en Fin-
lande gráce á Frans Mikael Franzén, qui les remania et en fit la