Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Blaðsíða 143
VOYAGE SCANDINAVE
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examine son point de vue avec le décalage de plus d’un siécle. A
Stockholm il trouve un certain air d’ennui, puis finit par conclure
que cette ville n’est pas faite pour les étrangers: « .... on n’y
attend pas les étrangers, rien n’est fait pour eux; c’est que Stock-
holm n’est sur le chemin de personne; on y est vraiment en dehors
du mouvement européen ». Et Ampére prend á son compte cette
plaisanterie un peu forte: « . .. . un jeune diplomate qui s’y
ennuyait s’avisa de demander un jour son passeport pour l’Eu-
rope ».20) Comparant Stockholm et Copenhague il estime que la
capitale suédoise est supérieure á celle du Danemark par le pit-
toresque, mais inférieure quant au nombre d’édifices remarquables
et de belles maisons. II est vrai qu’á cette époque — nous sommes
en 1827 — Stockholm n’avait que 60.000 habitants; on trouvait
a l’intérieur de la cité des champs et des prés; la rue de la Reine,
par exemple, traversait la rase campagne.21) Il reconnaít que les
environs de Stockholm sont charmants: il y a la retraite d’Haga;
il y a le parc; il y a surtout que les mœurs de cette ville sont toutes
fran^aises22), que le Roi l’a re^u et lui a parlé de son pére; cela
plait á J. J. Ampére qui, dans ses voyages, ne perd pas pour
autant sa fierté nationaíe et le respect de son pére. Comme apo-
théose á son séjour en la capitale, il a l’occasion de voir une splen-
dide aurore boréale. Aprés Stockholm, il visite Landskrona, qui
lui rappelle le port de Cherbourg23), et Upsala, ou il éprouve une
« impression profonde de tristesse et de solitude », parce que c’est
l’époque des vacances et les universités sont vides; mais il ajoute:
« Rien ne fait mieux concevoir les travaux patients des savants
du nord que cet aspect studieux et recueilli de leurs universités ».24)
II est re^u avec une trés grande cordialité par la nouvelle école
et remarque aussitöt une dualité entre « Stockholm .... ville
dont la culture est toute fran^aise, ou prévalent encore en litté-
rature et en philosophie les idées du XVIIIeme siécle ... . et Upsala,
foyer d’une tendance spéculative critique et poétique analogue
a celle de l’Allemagne ».25) D’Upsala, cet amateur de contrastes
va á Dannemora visiter les mines de fer; son voyage á l’intérieur
des mines évoquera chez lui l’Enfer de Dante.
20) Ibidem, page 72.
21) Ibidem, page 75.
22) Ibidem, page 75.
2,!) Ibidem, page 89.
2)) Ibidem, page 82.
25) Ibidem, page 84.
Le Nord, 1942, 2-3
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