Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Page 144
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LE NORD
En ses tournées au nord de la Suéde, Ampére est toujours
flanqué de ses compagnons de route: Willibald Alexis, de Golds-
heim, Frédéric Stapfer et de Cramayel. Il garde l’espérance de
rencontrer un véritable ours, espoir dé§u, mais par contre il a la
grande joie d’entrer avec sa petite troupe dans une cabane de
Lapons; l’hospitalité de ceux-ci le remplit de joie, il décrit avec
sympathie leur genre de vie, leurs occupations, leurs soucis26) et
surtout leur bonté toute naturelle et spontanée. Ce voyage dans
le nord a été raconté avec émotion par ses amis de route; dans
Herbstreise durch Skandinavien, Willibald Alexis note non sans
tendresse et nostalgie la joie qu’il a éprouvée á voyager avec Am-
pére; il s’arréte maintes fois sur le charme de la conversation de
son ami frangais, car méme lorsque le vent du nord « lui gelait
le nez et les oreilles », ses paroles fusaient gaiement. Willibald
Alexis s’en souvient et il próne cette amitié littéraire, qui a su
unir dans une cabane de Lapons des intellectuels frangais et alle-
mands et veut y voir les prémisses d’une époque de compréhension
mutuelle entre les peuples.2')
Ampére ne devait pas oublier la Scandinavie. Dans son voyage
en Amérique en 1852, il est heureux de pouvoir constater la pré-
existence de l’élément suédois en Pensylvanie.28) En revenant en
France, il passe par l’íle de Saint-Thomas, qui appartenait au
Danemark, et constate avec tristesse « en dehors de la monnaie
dont on se sert, les noms des rues et un chien danois, je n’ai rien
vu qui me rappelát la Scandinavie ».20) Cependant, á Philadelphie
il avait eu l’occasion d’entendre Mademoiselle Lind et il ajoute;
« Pour ma part ce souvenir de Suéde en Amérique me plaisait »,
plus particuliérement parce que « le suédois est la seule mélodieuse
des langues germaniques » et qu’on pourrait l’appeler « l’espagnol
2e) Ibidem, page 67/68. — Goethe, qui était resté un grand ami d’Am-
pére depuis certain article du Globe, devait s’intéresser á ce voyage et á ce
séjour en Laponie. Quand Willibald Alexis vint lui présenter son Herbst-
reise durch Skandinavien, il lui demanda si Ampére avait mangé lui aussi
avec appétit du jambon de renne. Cf. Max Ewert: « Erinnerungen », IV,
page 294/295.
2T) Herbstreise durch Skandinavien. Enl. V. Page 40/41; « Ein Franzö-
sischer Dichter und ein Deutscher, beide in traulichem Verein in einer Lap-
penhiitte! — So náhert sich die gliickselige Zeit, wo alle Nationalitáten ver-
schmelzen und eine Poesie, eine Liebe, eine Begeisterung, eine Gleichgiiltig-
keit herrschen wird in Paris, Calcutta und bei den Grönlándern ».
28) Voyage en Amérique. Tome II, page 13.
29) Ibidem, page 411.