Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Síða 145
VOYAGE SCANDINAVE
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du nord ». Un tel rapprochement revient souvent sous la plume
de Jean-Jacques-Ampére.30) Au cours de son voyage en Scandi-
navie, il avait déjá pu comparer la Suéde et l’Espagne: « On ne
sait s’expliquer, dit-il, ce cachet tout méridional que porte en
genéral le caractére suédois, surtout dans les villes ».31) Pour lui,
d’ailleurs, les Scandinaves venaient certainement « de régions plus
meridionales et plus heureuses dont le souvenir s’était conservé
pour eux dans la tradition de l’ancien Asgard, leur berceau ou
ils travaillaient l’or et buvaient le vin »,32) — idée sur laquelle il
revient fréquemment et qui s’oppose entiérement á la conception
d’Olaus Rudbeck, qui faisait venir les Orientaux du nord de
l’Europe et pla§ait tout prés de Stockholm le Paradis Terrestre.
Ce voyage en Scandinavie n’a pas manqué d’influencer Am-
pére; mais ce qui devait surtout le marquer est l’aspect littéraire
de ce monde nouveau, aspect que nous avons laissé volontaire-
ment de cóté pour nous limiter au simple « carnet de voyage »
de J. J. Ampére. En fait, c’est de la connaissance des écrivains
scandinaves qu’il tirera parti pour son cours au Collége de France;
c’est dans les relations et les contrastes existant entre cette litté-
rature et les autres littératures nationales qu’il va trouver matiére
á un systeme de comparatisme qui, bien qu’ébauche encore im-
parfaite, pourra servir de premiére base á la grande école fran-
?aise de littérature comparée.
30) Ibidem, page 36. S’il compare le suédois a l’espagnol, il l’oppose par
contre au hollandais. (Cf. á ce sujet son article, Littérature Hollandaise
dans la Revue des Deux Mondes, 1° Juin 1850).
31) Littérature, Voyages et Poésies. Tome I. Page 60.
32) Voyage en Amerique, II, page 303. Dans Voyage en Égypte et
Nubie, page 431, J. J. Ampére estime que c’est au bout de leur course, en
Islande, que ces races ont su le mieux développer la civilisation qui leur était
propre.
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