Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Síða 185
NIELS BOHR
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physique classique: 1) Pour chaque atome il existe une suite dé-
terminee d’états dits « stationnaires », dans lesquels il peut rester
sans rayonner de l’énergie, et la quantité d’énergie de l’atome
ne peut étre modifiée définitivement que par un processus par
lequel l’atome passe totalement d’un état stationnaire a un autre.
2) Quand ce passage a lieu par émission ou absorption d’ondes
lumineuses, la fréquence de celles-ci est telle que la différence
totale d’énergie entre les deux états constitue un quantum de
Planck.
Bohr supposait á titre provisoire que les états stationnaires
s’expliquaient sur une base classique, et que celle-ci n’était in-
suffisante que pour les processus de passage. Ses postulats et son
hypothése lui permettaient non seulement de donner une expli-
cation formelle compléte du spectre le plus simple, celui de
l’hydrogéne, et de certains traits essentiels d’autres spectres, mais
aussi de faire un calcul numérique exact du spectre de l’hydro-
gene en partant des considérations suivantes: On con^oit que
la physique classique, dont les lois sont déduites de processus
« macroscopiques », á savoir des courants constants ou variant
lentement, ou des quantités énormes d’électrons se meuvent uni-
formément ou oscillent á un rythme lent, puisse rester court de-
vant les processus « microscopiques», comme ceux de l’atome isolé.
Mais méme si le cours des différents processus atomiques différe
ainsi le plus possible des idées classiques, les deux points de vue
devront donner le méme résultat á la limite des phénoménes lents,
c’est-á-dire des ondes lumineuses longues. Cette conception con-
tient déjá en germe le futur « principe de correspondance » de
Bohr, qu’on peut formuler en gros ainsi: Les atomes obéissent aux
deux postulats fondamentaux, tout en se conformant (corres-
pondant) d’ailleurs, pour autant que cela s’accorde avec les
postulats, aux lois classiques. Ce principe devait se montrer ex-
trémement fertile entre les mains de Bohr.
Eu égard á son caractére révolutionnant, le travail fut trés
rapidement approuvé par tout le monde savant, d’autant plus
que Bohr pouvait joindre bientót á ces résultats de nouveaux
triomphes, en partie en répondant á des critiques soulevées par
les spectroscopistes. Des résultats d’expériences allégués contre la
théorie se trouvérent, lorsqu’ils furent correctement interprétés
par Bohr, étre autant de confirmations. Ce fut comme un soulage-
tnent de savoir qu’on avait découvert un nouveau fondement et
qu’on comprenait maintenant pourquoi et jusqu’á quel point on