Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Síða 306
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et leur outillage font qu’il est impossible aux archéologues de se
prononcer avec certitude sur leur passé. Quand leur histoire com-
mence-t-elle? La premiére information que l’on ait sur les Lapons
ne remonte guére plus loin que vers la fin du premier siécle de
notre ére. Pour autant qu’on puisse en juger, Tacite fait allusion
aux Lapons lorsqu’il parle des fenni — il convient de remarquer
qu’aujourd’hui encore les Norvégiens appellent les Lapons « fin-
ner ». Tacite parle avec admiration de ces hommes qui, dans
leurs misérables cabanes, savent apprendre á leurs enfants á mener
une vie saine, heureuse et honnéte. Dans des notes qui datent du
VT siécle, on fait mention des Lapons ou skridfinnar comme
étant de remarquables skieurs. Mais c’est seulement vers la fin
du IXe siécle que l’on commence á avoir une documentation moins
fragmentaire sur les Lapons. La richesse des renseignements que
l’on possédait est toutefois relative puisque l’ouvrage de Schef-
ferus sur la Laponie fit époque dans l’étude de la vie des Lapons.
En ce qui concerne la préhistorie des Lapons, il faut re-
courir aux informations qu’on peut tirer de la linguistique. Ce
sont notamment les mots d’emprunt entrés dans la langue la-
ponne au cours des temps, qui peuvent nous fournir une aide
précieuse. La langue laponne compte environ 3000 mots d’origine
scandinave, plusieurs centaines de ceux-ci remontant á la période
nordique primitive, qui, semble-t-il, s’est achevée déjá au début
du VIIT siécle. Il s’agit ici de mots que les Lapons ont empruntés
aux Norvégiens avec lesquels ils ont été en rapport le long des
cótes de l’Océan glacial, en particulier dans la province actuelle
de Tromsœ. En examinant ces mots, on constate qu’ils ont été
rendus d’une maniére trés exacte au point de vue phonétique et
que leur signification a été conservée dans les moindres détails.
Si l’on tient compte, en outre, du nombre des mots d’emprunt, on
est obligé d’en conclure que ceux des Lapons qui ont transmis
ces mots scandinaves á leurs compatriotes doivent avoir entre-
tenu des relations suivies avec les Norvégiens dont ils con-
naissaient la langue. Une autre conclusion s’impose qui n’est
pas moins surprenante. Dans les régions septentrionales de la
Norvége, ou les Lapons naviguent de nos jours en pleine mer,
on trouve par exemple que les noms de la plupart des parties
des embarcations, petites ou grandes, sont empruntés au nor-
dique primitif. Cette circonstance suffit á elle seule á réfuter
l’opinion selon laquelle les Lapons auraient été un peuple sauvage
ayant vécu dans l’isolement depuis les temps les plus reculés. Au