Le Nord : revue internationale des Pays de Nord - 01.06.1942, Síða 308
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LE NORD
langues ouraliennes. Pour se faire une idée du sort du peuple
lapon pendant la période qui a précédé notre ére, il est im-
portant que l’on établisse á quel degré le finnois et le lapon
sont apparentés dans le cadre du groupe des langues finno-
ougriennes. Il est évident que les Finnois et les Lapons ne peu-
vent étre parents au point de vue anthropologique — ils sont
bien trop différents! C’est pourquoi K. B. Wiklund suppose qu’á
l’origine les Lapons parlaient une langue qui n’avait aucun rap-
port avec le finnois, mais qui fut supplantée par celui-ci, exacte-
ment comme ce fut par exemple le cas en France aprés la con-
quéte des Romains, ou la population gauloise apprit si bien la
langue des conquérants qu’il ne reste plus maintenant dans le
franfais moderne que quelques mots d’origine gauloise. Supposé
que les Lapons aient conservé quelques mots de leur ancienne
langue — que l’on a appelée le protolapon —, on ne peut guére
espérer les reconnaítre (les hypothéses avancées dans ce domaine
sont, á tout le moins, bien incertaines) et il est tout aussi diffi-
cile de savoir de laquelle des langues parlées en Sibérie le proto-
lapon se rapprochait le plus. Les caractéres raciaux des Lapons
ne nous donnent aucune indication á cet égard, car les Lapons ne
semblent pas étre anthropologiquement apparentés á un peuple
existant de nos jours, á part peut-étre les Samoyédes.
En admettant que l’hypothése du changement préhistorique
de langue chez les Lapons soit exacte, il reste encore á savoir
quel était le langage finno-ougrien appris ainsi par les Lapons.
De l’avis de Wiklund, il doit s’agir d’une forme de langue trés
rapprochée du finnois — ou plutöt du finnois primitif, qui est
la langue mére d’ou sont dérivés le finnois, l’estonien, le livonien
et les autres langues finnoises de la région baltique. Une autre
opinion veut que la nouvelle langue des Lapons, qui a supplanté
l’ancienne, ne soit pas trés différente de la langue primitive finno-
ougrienne. En d’autres mots, d’aprés cet avis, il n’existerait au-
cune proche parenté entre le lapon et le finnois dans le cadre du
groupe finno-ougrien. A l’appui de cette derniére opinion, on
peut relever le fait que, dans son vocabulaire le plus ancien, le
Íapon ne montre pas de ressemblance particuliére avec le finnois.
Une assez grande similitude dans les flexions des langues finnoise
et laponne parle en faveur de l’opinion de Wiklund, toutefois
cette similitude se retrouve dans une assez grande mesure dans
les langues samoyédes et elle peut bien s’expliquer comme un
trait caractéristique ancien qui a été conservé.